Nice-Matin (Cannes)

C’est la fête des sondages !

- de MICHÈLE COTTA Journalist­e et écrivain edito@nicematin.fr

Chaque élection présidenti­elle, depuis que les présidents de la République sont élus au suffrage universel, c’est-à-dire depuis soixante ans, est l’occasion de multiples enquêtes d’opinion. Jamais il n’y en a eu autant qu’aujourd’hui, à un niveau presque déraisonna­ble. Tout est chiffré, disséqué, par les sondages : la popularité de chacun(e) des candidat(e)s est étudiée, observée sans arrêt. Le degré de notoriété mesure, jour après jour, le nombre de Français qui ont entendu parler, entendu parler seulement, des personnali­tés en compétitio­n. Quant à la position des candidat(e)s sur la ligne d’arrivée, elle fait l’objet d’innombrabl­es études des instituts spécialisé­s.

Le problème est que, selon les méthodes des uns et des autres, les résultats sont loin d’être les mêmes, excepté en ce qui concerne Emmanuel Macron, qui n’a d’ailleurs pas encore fait acte de candidatur­e, et qui, dans tous les cas de figure, reste numéro 1. Derrière lui, en revanche, la bataille pour la deuxième position fait rage. Bien difficile de se faire une idée de celui ou de celle des trois qui dominera les deux autres dans cette course aux suffrages. Selon le sondage regardé, qu’il soit publié dans un journal ou fasse l’objet d’incessants débats sur les chaînes de télévision d’informatio­n continue,

Marine Le Pen garde son avantage, Valérie Pécresse la suit, Éric Zemmour ferme la marche. On change de journal ou de chaîne, et c’est le contraire : Valérie Pécresse profite, avec 16,5 %, de la lutte féroce qui oppose Marine Le Pen à Éric Zemmour, tous deux à 14 %, soit une perte de 3 % pour Marine Le Pen, et un gain de deux points pour Zemmour. C’est assez pour que, déjà, on en tire la conclusion que la campagne de la candidate LR marche beaucoup mieux que ne le croyaient ceux qui étaient précisémen­t en train de penser, pour le déplorer ou s’en réjouir, qu’elle était sur un « faux plat », tandis que c’est la descente aux enfers pour Marine Le Pen. Les chiffres des sondages rythment non seulement la vie des journaux ou des télévision­s, mais aussi l’humeur des candidat(e)s, un jour guillerett­e, amère, et angoissée le lendemain. C’est vrai qu’il est difficile, comme l’a fait samedi la présidente du Rassemblem­ent national, de monter à la tribune pour s’adresser à ses militants en ayant en tête sa dégringola­de dans les sondages (qui ne durera peut-être pas le lendemain), et plus facile pour Éric Zemmour de s’emparer du micro devant ses fans en étant crédité d’un bond (qui ne sera peut-être pas éternel). Tout cela pour dire qu’on peut regarder les sondages (de toute façon, il serait difficile de pouvoir leur échapper), mais en pensant que la vérité d’aujourd’hui n’est pas forcément celle de demain.

« Selon les méthodes des uns et des autres, les résultats sont loin d’être les mêmes... »

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