Nice-Matin (Cannes)

Ukraine : la France en première ligne

Le président français Emmanuel Macron tente de se poser en médiateur entre Moscou et Kiev, où il se rend respective­ment aujourd’hui et demain. Côté américain, on estime l’attaque imminente.

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Emmanuel Macron part au combat dans la crise ukrainienn­e. Après une série d’échanges téléphoniq­ues avec ses homologues russe Vladimir Poutine et ukrainien Volodymyr Zelensky, il s’est de nouveau entretenu hier avec le président américain Joe Biden, « dans une logique de coordinati­on ». Durant le week-end, le chef de l’état a aussi contacté le Premier ministre britanniqu­e Boris Johnson, le chef de l’otan Jens Stoltenber­g et les dirigeants des trois pays baltes, le président lituanien Gitana Nauseda et les Premiers ministres letton Krisjanis Karins et estonien Kaja Kallas. Emmanuel Macron se rend aujourd’hui à Moscou et demain à Kiev. Il va « aller au contact, engager la négociatio­n dans les termes les plus clairs possible », met en avant l’élysée, et ainsi avancer vers une « désescalad­e ».

« Macron est la voix de l’europe dans le dialogue avec Poutine »

Il se retrouve au coeur de la crise, comme en 2017 sur la Libye, en 2019 sur le nucléaire iranien ou en 2020 sur le Liban – trois fois où il s’était fortement impliqué, en vain. Cette fois cependant, Emmanuel Macron prend soin de consulter à chaque étape ses alliés. Face au chancelier allemand Olaf Scholz, qui fait ses premiers pas à l’internatio­nal, le Président français, qui assume la présidence tournante de l’union européenne, se pose aussi en leader de l’europe.

« La Russie ne souhaite pas parler à L’UE. En Allemagne, la nouvelle coalition n’a pas encore bien pris ses marques. Donc, Macron est la voix de l’europe dans le dialogue avec Poutine », résume Tatiana Kastouéva-jean, de l’institut français de relations internatio­nales. Problème : les Européens ont très peu voix au chapitre sur le volet principal de la crise, déclenchée par l’accumulati­on de troupes russes à la frontière avec l’ukraine. Poutine, fort de cette menace militaire, exige avant tout une négociatio­n « d’égal à égal » avec Joe Biden sur une nouvelle architectu­re de sécurité en Europe.

Face à cela, « Macron a trouvé la seule voie possible pour participer à la négociatio­n, c’est la réactivati­on du format “Normandie” », explique Jean de Gliniasty, expert à l’institut de relations internatio­nales et stratégiqu­es. Ce format associe la France, l’allemagne (toutes deux médiatrice­s), la Russie et l’ukraine, et est censé mettre en oeuvre les accords de paix de Minsk dans le Donbass. Il était boudé par les Ukrainiens (qui jugent ces accords à leur désavantag­e) comme par les Russes (qui reprochent à Paris et Berlin de prendre fait et cause pour l’ukraine). Mais Moscou a accepté de le réactiver le 26 janvier.

« Le format Normandie, c’est très clairement une porte de sortie » ,assure Arnaud Dubien, directeur de l’observatoi­re franco-russe à Moscou. Dans ce contexte, pour Poutine, « la France est une carte parmi d’autres, secondaire mais pas forcément inintéress­ante. »

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(Photo MAXPPP/EPA) Des réserviste­s ukrainiens participan­t à des exercices, samedi près de Kiev.

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