Le lourd silence de Nicolas Sarkozy
Que fait-il ? Que pense-t-il ? Que veut-il ? Que prépare-t-il ? Aussi bien pour ses amis politiques que pour ses ennemis et les commentateurs, Nicolas Sarkozy est devenu sinon un mystère, du moins un quiz. Tout n’est que questions à son sujet auxquelles, pour l’heure, il n’apporte aucune réponse. Il n’est pourtant pas de parole plus attendue que la sienne dans cette phase finale de l’élection présidentielle. À commencer dans sa propre famille des Républicains (LR) qu’il a présidée et dont il demeure la figure la plus emblématique. Reste qu’il se tait sur son soutien à Valérie Pécresse comme il s’est tu sur la primaire qu’elle a remportée pour porter les couleurs des LR dans la course élyséenne. De quoi nourrir interrogations, voire agacement, dans les troupes de la présidente de la Région Ile-de France, alors que leur candidate cherche un indispensable second souffle pour pouvoir devancer Marine Le Pen et Eric Zemmour au premier tour et affronter ensuite Emmanuel Macron. Elle parie sur l’impact d’un grand meeting le 13 février prochain au Zénith de Paris pour rebondir mais il est évident qu’un soutien clair et net de Nicolas Sarkozy ne pourrait que l’aider.
Le lui accordera-t-il et, si oui, quand ? A priori, on ne voit guère qu’il ne puisse le faire car LR est son parti, mais il est vrai qu’il nourrit à l’endroit du chef de l’état une forme d’estime, si ce mot a un sens en politique.
Emmanuel Macron a toujours accordé à Nicolas Sarkozy la considération que lui avait refusée François Hollande. En étant présent aux obsèques de la mère de l’ancien président, le chef de l’état a fait un geste qui a profondément touché son prédécesseur. On sait aussi que les deux hommes se parlent et que l’ancien Président a l’oreille d’emmanuel Macron sur les questions internationales. On ne peut ainsi être que frappé du parallélisme entre l’action en cours du chef de l’état dans la résolution de la crise ukrainienne, avec ce périple Moscou-kiev-berlin, et celle de Nicolas Sarkozy, face à Poutine également, en août 2008 pour trouver, non sans un certain succès, une issue à la crise géorgienne d’alors. On peut imaginer, sans courir le risque de se tromper, que les deux hommes ont échangé sur ces sujets, l’expérience de Sarkozy ne pouvant qu’être utile à Macron. Cette proximité nourrit les spéculations sur les silences de l’ancien hôte de l’élysée et irrite les nerfs dans son camp. Du côté macronien, sans doute se réjouit-on de ce mutisme qui sème le trouble. On n’imagine guère cependant que Nicolas Sarkozy se taise jusqu’au vote. Même s’il dit s’être retiré de la politique, elle l’habite encore et il ne se privera pas d’interpréter sa partition d’ici au 10 avril. À son heure, évidemment, et comme il l’entend. Suspense assuré.
« On peut imaginer que les deux hommes ont échangé sur ces sujets, l’expérience de Sarkozy ne pouvant qu’être utile à Macron. »