Nice-Matin (Cannes)

Le premier golf parfumé du monde

- ERIC GALLIANO egalliano@nicematin.fr

« Il aura fallu trois ans pour mener à bien ce projet », souffle Emmanuel Delmotte. Il concède que l’affaire n’aura pas été simple. «Ila fallu convaincre tout le monde... Et notamment les sceptiques. » Accorder aussi les violons de Grasse et Châteauneu­f.

Lorsqu’en 2018, le bail du golf arrive à son terme, les deux communes n’ont pas les mêmes ambitions pour cette parcelle de 51 hectares.

Un cahier des charges très strict

Si les terrains se trouvent à Opio et Châteauneu­f, Grasse n’en est pas moins propriétai­re du foncier à hauteur de 70 %. « Son maire, Jérôme Viaud, voulait vendre, pas nous », résume Emmanuel Delmotte qui envisage alors de lui redonner une vocation agricole. « Moi je voulais y faire du maraîchage », reconnait-il, même si l’élu concède que sa commune a bien besoin des retombées touristiqu­es et économique­s que peut lui procurer un tel équipement. Comment concilier les deux ? C’est tout l’enjeu du projet de La Grande Bastide. Un projet pour le moins atypique : car l’ancien golf du Club Med va devenir un espace de production tout en conservant ses 18 trous. Ce sont environ 5 hectares de plantes à parfum qui vont être plantées sur le parcours et exploitées par le principal fournisseu­r des grands parfumeurs, l’entreprise Mul Aromatique­s. Faisant de la Grande Bastide le premier golf olfactif du monde. Peut-être aussi le premier golf agricole de France, un nouveau label créé par l’état.

« En réalité il n’y a pas plus artificiel qu’un golf. Nous avons fait faire une étude de biodiversi­té des sols sur l’ensemble de la commune. Et l’endroit où elle est la moins riche c’est sous les étendues de gazon du golf. Pour y remédier nous avons établi un cahier des charges très strict, assure Emmanuel Delmotte. Le délégatair­e de service public a pour obligation de ne plus utiliser à terme d’intrants (1) chimiques. »

Pour éviter le gaspillage des ressources naturelles, la station d’épuration voisine a également été équipée d’un système de traitement par UV qui va permettre d’utiliser ses rejets pour l’irrigation du golf. «Ce sont 14 m3/h qui seront ainsi recyclés au lieu d’être pompés dans la nappe phréatique. » Au-delà de l’aspect environnem­ental, Châteauneu­f est aussi très attaché à donner une dimension sociale à cet équipement sportif souvent réservé à une élite.

« Socialiser un îlot pour milliardai­res »

« Nous avons imposé la création d’un practice et les scolaires vont pouvoir apprendre à jouer au golf gratuiteme­nt. Le restaurant de la Grande Bastide a obligation dans le cadre de la délégation de service public d’accueillir nos aînés. Il y aura aussi un centre de formation et un parcours parfumé ouvert au public, un cheminemen­t pour que les élèves puissent rejoindre l’école sans avoir à marcher sur la route...»

« On a socialisé un îlot de milliardai­res, s’enorgueill­it l’élu. On va aussi transforme­r des pelouses malades en véritable espace de production agricole. Le tout en lien avec notre patrimoine qui est celui de la culture plante à parfum consacré par l’unesco. Le projet a peutêtre mis du temps, mais aujourd’hui tout le monde en est fier. »

1. Différents produits apportés à la terre.

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Emmanuel Delmotte, maire de Châteauneu­f, croit énormément au projet de La Grande Bastide.

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