Investitures RN : « Les jeux sont faits, rien ne va plus ! »
La commission nationale a tranché. À la fois l’attribution des rôles pour les prochaines législatives et quelque part la guéguerre locale entre Philippe Vardon et Alexandra Masson.
L’un comme l’autre se murent dans le silence et laissent à leur garde rapprochée le soin de distiller les petites phrases assassines. Philippe Vardon et Alexandra Masson avaient chacun fait leurs listes de noms pour les trois circonscriptions niçoises. La commission nationale d’investiture a tranché en faveur de l’avocate, nouvelle égérie locale du Rassemblement national dans le département depuis les dernières élections régionales. L’historique Philippe Vardon y perd même sa propre investiture.
Motif invoqué : une altercation physique avec un délégué du RN. Gabriel Tomatis affirme avoir été agressé par l’élu régional et a même déposé une main courante. Les faits se seraient déroulés jeudi dernier à Marseille lors d’une réunion de groupe. Simple altercation verbale, certes un peu vive, assure-t-on dans l’entourage de Philippe Vardon. Ce dernier n’aurait guère apprécié d’apprendre par texto que Tomatis s’était porté candidat aux législatives. Sur la liste d’alexandra Masson, cela va de soi.
Il va y avoir du sport dans la 3e
La guéguerre entre les deux ne fait pas mystère. « Cela fait des mois que la pression monte », souffle un militant. Et les récentes prises de position de l’ancien membre du bloc identitaire n’ont rien arrangé. On lui reproche de s’être très peu impliqué dans la campagne présidentielle de Marine Le Pen. On le suspectait même de vouloir rallier Reconquête ! (le parti d’éric Zemmour) en même temps que son « ami » Nicolas Bay. Le fait est que, lundi encore, Vardon plaidait pour un rapprochement avec Zemmour. Le jour même où le parti se penchait sur les investitures. La sanction n’a pas tardé. C’est Benoît Kandel, l’ancien gendarme, éphémère premier adjoint de Christian Estrosi, qui aura l’étiquette RN. Il est peu probable que cela dissuade Philippe Vardon d’y aller pour autant. Il devrait donc y avoir du sport dans la troisième circonscription de Nice. Elle présente la particularité d’avoir donc deux candidats RN (l’officiel et l’historique). Mais aussi deux candidats macronistes : le député sortant Cédric Roussel, qui lui aussi a perdu son étiquette, et un autre ex-premier adjoint de la ville de Nice en la personne de Philippe Pradal.
Les mauvaises langues disent même que c’est ce qui aurait motivé Benoît Kandel à se lancer dans la course. L’ancien gendarme reproche à Pradal de l’avoir enfoncé dans l’affaire de la Sémiacs qui lui a valu une mise en examen il y a quelques années.
Une presque inconnue dans la 1re
Si le RN n’avait que l’embarras du choix dans la 3e, celui qui s’est opéré dans la première circonscription est vu plutôt comme «un choix par défaut » par bon nombre d’observateurs. C’est une presque inconnue qui a été désignée pour aller arbitrer le duel au sommet entre le député sortant LR, Éric Ciotti, et le jeune loup d’estrosi, Graig Monetti. Muriel Vitetti figurait bien sur les listes pour les régionales. Elle a également été adjointe dans le village perché de Peillon, avant que le maire ne décide de lui retirer ses délégations sur fond « d’incompatibilité d’humeur ». Cette responsable associative qui milite pour le maintien des traditions locales va devoir gagner en notoriété. Son compte Twitter n’est pour l’heure suivi que par 65 abonnés. Un peu court ? Sauf peutêtre pour les militants RN, habitués de longue date à ne pas forcément retrouver les mêmes candidats d’un scrutin à l’autre.
Le joker de Marine Le Pen dans la 5e
Celui qui portera les couleurs du parti dans la cinquième circonscription est pour le coup une surprise, même au sein du Rassemblement national. Sauf, peut-être, pour son emblématique patronne. Thierry Ferrand, puisque c’est son nom, serait un de ses vieux amis. C’est en tout cas « le choix de la présidente », concède Lionel Tivoli, le secrétaire départemental du RN qui ne sait même pas si l’intéressé est adhérent. Tout ce qu’il peut en dire pour l’heure se borne au mini CV qui lui a été transmis par le national avec la liste des nominés : « Un Niçois, titulaire d’un master II, qui a dirigé plusieurs entreprises, notamment à Nice, dans le secteur de l’hôtellerie...» Lionel Tivoli sera lui aussi candidat. Mais plus dans la 7e circonscription comme en 2017. « J’ai demandé à pouvoir aller dans la 2e qui est plus favorable. C’est là que Marine Le Pen a fait son meilleur score avec 54 % des voix », assure-t-il. Du coup c’est Tanguy Cornec, un ancien conseiller municipal antibois, qui partira dans la septième. La 6e revient au jeune Bryan Masson. La 8e à Dorette Landerer. La 9e à Franck Galbert. La 2e au conseiller régional Gilles Renou. Reste la 4e circonscription, à l’est du département. Peut-être l’une des plus gagnable. Cette opportunité s’offre à Alexandra Masson qui, avant même le début du vote, vient de remporter une première victoire, interne au Rassemblement national celle-là.