Nice-Matin (Cannes)

Maxence Tual LE VOISIN ORDINAIRE

En compétitio­n officielle format court à Canneserie­s, Platonique, la création originale D’OCS, s’intéresse à la vie de deux trentenair­es, un peu perdus, qui décident d’emménager ensemble.

- MATHIEU FAURE mfaure@nicematin.fr Platonique, ce jeudi soir à 20 h 40, sur OCS Max.

OCS Signature, la fabrique à séries françaises de la chaîne OCS, continue son petit bonhomme de chemin. Après

Jeune et Golri et Hastag Boomer récemment, la pépinière tricolore nous propose Platonique, une série courte en compétitio­n officielle à Canneserie­s. Création de Camille Rosset et Elie Girard, la série raconte les aventures maladroite­s de Yann (Maxence Tual) et Elsa (Camille Rutherford). Les deux amis quittent leurs conjoints respectifs pour s’installer ensemble en toute amitié, bien sûr… À 35 ans, les deux meilleurs amis se retrouvent en coloc. Un agréable retour en arrière ? Oui, les semaines paires. Car les semaines impaires… leurs gamins débarquent. Rencontré en marge de Canneserie­s, Maxence Tual, que l’on a déjà vu à l’affiche de Selfie et Antoinette

dans les Cévennes, revient sur ce projet un peu atypique.

C’est un projet très actuel,

Platonique…

J’ai beaucoup aimé le portrait psychologi­que très précis et la nudité au sens psychologi­que de mon personnage. J’ai bien aimé la nudité physique aussi puisque mon personnage, un catholique bourré de principes, pudique moralement et un peu perdu érotiqueme­nt, tout à coup, on le voit dans l’acte et dans la recherche du plaisir sexuel et de sa propre vérité. Ce mélange de comédie sentimenta­le, de moeurs et quelque chose de très cru sexuelleme­nt, m’a beaucoup plu.

D’autant que votre binôme, Camille Rutherford, est à l’opposé de vous…

Il y a l’alchimie de cette relation qui, sur le papier, n’est pas forcément évidente. Il y a une vraie complicité parce qu’ils sont si différents. La série produit plein de situations intéressan­tes.

« Mon personnage parle à tout le monde mais ce n’est pas le stéréotype d’une caste en particulie­r. C’est un puzzle »

Le personnage est-il éloigné de vous ?

J’ai une éducation chrétienne mais je suis très athée. Comme lui, j’ai un côté très proche de la nature, écolo mais je suis plus cynique, plus ironique, plus noir. J’aime beaucoup improviser alors que Yann, mon personnage, est un grand naïf très premier degré. Je le comprends presque mieux en le voyant qu’en essayant de le jouer. Mais on a des points communs, on est père tous les deux, je suis séparé aussi, je comprends certaines de ses situations. J’aime sa singularit­é, sa poésie. Il est à la fois étranger et pourtant si familier, car il peut être notre voisin.

La série parle de la quête de soimême également. Avec la crise sanitaire, de nombreuses personnes ont eu envie de faire autre chose de leur vie…

J’ai reçu le projet pendant le confinemen­t et ça m’a fait cet effet-là. J’ai eu envie de vivre ce genre d’aventures, de défis. Il y a quelque chose de jouissif à jouer quelqu’un qui ouvre une page blanche instinctiv­ement sans penser à la suite. On a envie de s’attacher aux gens qui tentent quelque chose de nouveau, qui expériment­ent un truc et qui, à travers ça, se découvrent. On fonce un peu tête baissée malgré ce que l’on peut leur dire. Il y a une frontière très mince entre l’amour, l’amitié, le désir, la parentalit­é. Ils forment une drôle de famille sans vraiment s’en rendre compte.

C’est une série très française dans ce qu’elle montre des trentenair­es français ?

Oui, il y a des codes que l’on connaît, des choses que l’on croise au quotidien en France. Les personnage­s sont très français. Il y a une forme de gauche catholique sans vraiment l’être, mon personnage est bobo sans l’être, il n’est pas d’un milieu bourgeois, on ne sait pas trop. Il parle à tout le monde mais ce n’est pas le stéréotype d’une caste en particulie­r. C’est un puzzle en fait.

On dit souvent qu’une série courte est un laboratoir­e d’idées. Qu’en pensez-vous ?

C’est un rythme soutenu malgré des scènes et des séquences assez longues. On ne voulait pas s’installer dans une rythmique comique mais plutôt dans la comédie sentimenta­le avec de l’échange. On a voulu faire quelque chose de touchant en les voyant se confronter aux épreuves de la vie.

Vous venez du théâtre et jouez actuelleme­nt à Paris. Comment vivez-vous le retour à cette presque normalité, cette reprise du spectacle vivant ?

J’étais professeur jusqu’à mes 33 ans et puis j’ai fait beaucoup de théâtre avec la compagnie

Les Chiens de Navarre, avec laquelle j’ai fait huit pièces en 8 ans. On a beaucoup tourné mais je commençais à être frustré car je devais refuser des projets de tournage pour le cinéma ou la télévision. J’avais besoin de m’éloigner et finalement, le confinemen­t m’a aidé. Malgré tout, la scène m’a manqué. Retrouver la joie de la scène, du public… c’est parfait. Le cinéma est un plaisir d’équipe, de conception, de plateau. Mais le théâtre est un plaisir physique. On partage un échange avec le public qui est unique. Le plaisir de jouer n’est pas le même.

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