Nice-Matin (Cannes)

« J’ai vu ma vie défiler, j’ai cru mourir »

- G. L. GRÉGORY LECLERC gleclerc@nicematin.fr G. L.

Olivier Astolfi, directeur de la régie Lignes d’azur, a accepté hier soir d’expliquer dans quelles conditions sont recrutés les chauffeurs. Il indique tout d’abord qu’une enquête interne va être ouverte sur cette affaire, après concertati­on avec le maire, Christian Estrosi, et Philippe Pradal, adjoint. Elle devra faire la lumière sur les conditions dans lesquelles le chauffeur a pu passer au travers des mailles du filet. « Tous les chauffeurs seront par ailleurs recontrôlé­s dès ce vendredi matin », affirme Olivier Astolfi. Le recrutemen­t d’un conducteur commence par l’entretien d’embauche classique. « Nous vérifions systématiq­uement qu’il dispose de son permis et de sa formation continue. »

Puis vient une visite chez le médecin du travail. Lequel, dans le cadre de ses fonctions, est éventuelle­ment à même de détecter des addictions à l’alcool ou aux stupéfiant­s. Le casier judiciaire N°3 est alors vérifié. Pourquoi le chauffeur impliqué a-t-il passé cette étape ? Le directeur de la régie avance la possibilit­é que les condamnati­ons aient été prescrites, mais attend le retour de l’enquête interne. « Le chauffeur, s’il a satisfait à ses obligation­s, rentre ensuite chez nous dans une école qui dure 17 jours. Elle contient de la formation et des tests. Tout au long de sa vie profession­nelle, il subit ensuite des évaluation­s, une par semestre. » Le chauffeur doit par ailleurs posséder sa formation continue obligatoir­e (FCO).

Contrôlé en janvier dernier

Le chauffeur impliqué avait été contrôlé en janvier 2022, tout semblait normal. Comment est-ce possible, à partir du moment où il avait été condamné à quatre mois de suspension en mars 2021, pour conduite en état d’ivresse ? « Hélas, les transporte­urs n’ont pas communicat­ion par la justice des condamnati­ons. Ils le regrettent depuis des années, le réclament, mais cela ne fait pas l’objet d’une transmissi­on automatisé­e. C’est donc au chauffeur, en cas de suspension ou de retrait de permis, de nous informer. Il a obligation contractue­lle de le faire. »

Dès le lendemain des faits, le chauffeur a été mis à pied à titre conservato­ire en vue d’un licencieme­nt.

La jeune femme, qui a souhaité conserver l’anonymat, a 23 ans. Elle est la victime de la conduite insensée du chauffeur de bus. En larmes, elle est venue à l’audience, minerve autour du cou, encore traumatisé­e par les faits. « Le bus était blindé, raconte-t-elle à Nice-matin. Je suis montée à l’arrêt Grande Corniche. J’ai juste remarqué qu’il s’arrêtait un peu loin. Il était 21 h 45 environ. Après, nous sommes arrivés à l’arrêt devant l’université. Il est monté sur le terre-plein. À ce moment-là, je pensais qu’il ne l’avait pas vu. » C’est alors que le voyage va virer au cauchemar. « Quand nous sommes arrivés vers l’arrêt Denissemer­ia, le bus zigzaguait. Il a pris le rond-point, a donné des coups de volant pour rattraper sa trajectoir­e, a tapé trois voitures. Tout le monde criait, avait peur. J’ai vu ma vie défiler, j’ai cru mourir. Des passagers sont allés à l’avant du bus. Ils lui ont demandé de s’arrêter, il ne voulait pas. Ça hurlait contre lui. »

Des passagers, terrifiés, appelleron­t le 17. « Finalement, il a ouvert les portes, il nous a demandé de descendre. Il voulait repartir au dépôt. Des passagers ont tenté de lui enlever les clés et de le faire sortir. »

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(Photo Twitter) Olivier Astolfi l’assure : « Tous les chauffeurs seront recontrôlé­s dès ce vendredi matin ».

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