Nice-Matin (Cannes)

« Ça devrait être plus ouvert »

A 36 ans, le Roqueforto­is Mikael Cherel va disputer son 16e grand Tour, qui s’élance aujourd’hui de Hongrie. Le grimpeur d’ag2r-citroën entend jouer sa carte sur les étapes montagneus­es.

- * Il fera équipe avec les Français Lilian Calmejane,nans Peters,nicolas Prodhomme et Félix Gall (Aut), Jaako Hänninen (Fin), Lawrence Naesen (Bel), Andrea Vendrame (Ita). Textes : Romain LARONCHE

Dans quelle forme vous présentez-vous ?

Je sors d’une campagne de classiques ardennaise­s qui s’est bien passée. Ce n’est pas l’approche habituelle d’un grand Tour, avec un camp d’entraîneme­nt en altitude, mais les jambes étaient bonnes à Liège, où j’ai répondu à la tâche qu’on m’avait confiée (aider Benoît Cosnefroy). J’ai simplement moins de certitudes sur ma capacité à grimper la très haute montagne, parce que j’en ai peu fait cette année.

Vous débutez votre 16e grand Tour. Votre rôle sera celui de capitaine de route ?

Je suis le coureur le plus ancien de l’équipe, donc oui, je serai là pour partager cette expérience. J’aime ce rôle, d’autant qu’on part avec un leader inexpérime­nté - Félix Gall qui va disputer son premier grand Tour.

On connaît peu Félix Gall, récent 6e du Tour des Alpes...

Je l’ai rencontré pour la première fois sur les stages hivernaux. Terminer 6e du Tour des Alpes, où il y avait de nombreux leaders qui préparaien­t ce Giro, lui a donné beaucoup de confiance. C’est un très bon grimpeur, mais aussi un coureur complet, puissant et avec une petite pointe de vitesse. Dans un premier temps, je pense qu’il visera un « top 15 ».

Sans grand leader, votre équipe (*) va aussi se montrer offensive ?

Mon voeu le plus cher, si les jambes répondent, c’est d’aborder ce Giro de manière offensive. C’est là que je trouve le plus de satisfacti­on, de plaisir, d’adrénaline. J’aimerais jouer la gagne sur une étape de montagne ou vallonnée. J’aiderai aussi Félix, mais je ne serai pas à 100 % à ses côtés comme quand Romain Bardet visait le podium sur le Tour.

En six participat­ions sur le Tour et autant sur la Vuelta, vous n’avez jamais abandonné, mais deux fois sur trois sur le Giro.

Une explicatio­n ?

Lors de mon premier abandon, je disputais mon premier grand Tour (2008). On m’avait dit ‘‘t’es jeune, t’as plein de capacités, tu fais un beau Giro, mais c’est dommage que tu n’aies pas fait une échappée dans une étape de montagne’’.

Alors, le lendemain, j’ai tout donné dans le premier col pour la prendre, on était en fin d’épreuve (19e étape), et les forces m’ont lâché, je n’avais plus d’énergie. J’avais commis une erreur de jeunesse. En 2018, j’ai du mal à revenir dessus. J’étais proche du « top 20 », mais le soir ma femme m’appelle en larmes et m’apprend le décès d’un de mes meilleurs amis. Le lendemain, j’ai craqué au ‘‘colle delle Finestre’’. Même si je considère l’abandon comme un échec, je suis un homme avant d’être un coureur. J’avais besoin de rentrer.

Vous allez retrouver Romain Bardet comme adversaire...

Ça va faire bizarre. C’était déjà le cas l’an passé sur la Vuelta, mais Romain jouait des étapes. Là, il se concentrer­a sur le général, comme lors de nos belles années ensemble. Je lui souhaite le meilleur. Il a montré sur le Tour des

Alpes (qu’il a gagné) qu’il avait le potentiel pour faire un « top 5 », même un podium. D’autant qu’il aime la pluie, les conditions extrêmes qu’on peut rencontrer sur le Giro.

Sans immense favori, on imagine une course plus ouverte ?

Il n’y a pas Pogacar, Roglic ou Bernal, mais beaucoup de grands coureurs. Ça devrait être plus ouvert et offrir une belle course.

Si les jambes répondent, je veux aborder ce Giro de manière offensive”.

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(Photo Dylan Meiffret) Mikael Cherel, ici sur le Tour 06-83, sera le coureur le plus expériment­é de l’équipe Ag2r-citroën.

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