« La mortalité due à Omicron est quasi nulle dans une population bien vaccinée »
Questions à Jérôme Barrière, président de CME, du Pôle de Santé Saint-jean à Cagnes-sur-mer
Vous vous êtes beaucoup exprimé depuis le début de la pandémie, et vos propos étaient alarmistes. Vous appelez à l’apaisement. Qu’est ce qui a changé ?
J’ai effectivement tenu des propos alarmistes, pendant la période où le variant Delta – très virulent – a sévi. Et, comme d’autres, je me suis inquiété de la vague Omicron. Mais en suivant de près ce qui se passait en Afrique du Sud, on a vu que les dizaines de milliers de contaminations journalières ne se traduisaient pas par une vague hospitalière supérieure aux précédentes. Et ça nous a rassurés.
Peut-on affirmer aujourd’hui qu’omicron est moins virulent que le variant Delta ?
Ce qui est certain, et une prépublication italienne semble le confirmer, c’est que la mortalité due à Omicron parmi la population triplement vaccinée est quasi nulle, même parmi les plus de 80 ans. De plus, les hospitalisations sont plus courtes, avec moins de formes respiratoires et de transferts en réanimation. La vaccination a vraiment changé la donne. Mais même dans des populations non vaccinées la dangerosité semble avoir diminué. En réalité, la grippe A a été beaucoup plus sévère pour certains que la Covid cet hiver !
Il reste néanmoins des patients hospitalisés pour Covid sévère ?
Chez beaucoup de ces patients, la découverte du Covid est fortuite, à l’occasion d’un test systématique réalisé alors qu’ils sont hospitalisés pour d’autres motifs. Il faut comprendre que plus un virus circule, plus la probabilité que vous le trouviez est élevée, même parmi ceux qui meurent d’autres choses.
Diriez-vous qu’on doit aujourd’hui vivre avec la Covid ?
Si vous entendez par là que tout le monde doit continuer de porter un masque, alors je ne le pense plus, en tout cas plus de manière systématique. J’y étais favorable, mais la sévérité moindre d’omicron appelle à revoir les recommandations sauf dans les lieux où les plus fragiles sont présents comme les hôpitaux. Le masque aujourd’hui a davantage vocation à se protéger, au niveau individuel, surtout lorsque l’on est immunodéprimé. Et dans ce cas, c’est le masque FFP2 qui doit être privilégié.
Comment calmer les peurs que vous-même, à une certaine période, avez allumées ?
Il faut revenir à de la rationalité et communiquer sur ce que l’on observe pour garder la confiance du public. Nous avons désormais plusieurs outils nous permettant de préparer l’avenir, à commencer par la vaccination, mais aussi toutes ces mesures que l’on sait efficaces face à un virus aéroporté : aérer ou traiter l’air des lieux clos, respecter la distanciation sociale, et pondérer les mesures en fonction du taux d’incidence. Je pense qu’il est important que l’on fasse comprendre à tous, y compris aux enfants, que porter un masque pendant 7 jours, quand on a la grippe, ou même si on est enrhumé, relève de la responsabilité civique. C’est de l’altruisme pondéré.
Pensez-vous qu’il faudra à nouveau se faire vacciner ?
Ce qui est acquis, c’est que l’immunité diminue avec l’âge et il est important de mieux vacciner les plus âgés, soit les plus à risque. Comme il est peu probable que le virus disparaisse en été pour ne jamais revenir, il faut se préparer à une nouvelle campagne de rappels probablement au mois de septembre ou octobre, concomitamment à la grippe. Pour ça un conditionnement en monodose permettrait d’améliorer la logistique et donc la couverture vaccinale.
Quid des plus jeunes ?
Il est trop tôt pour le dire. À ce stade, on ne sait pas. Cela va dépendre de ce que l’on observe en Afrique du Sud notamment avec les nouveaux variants BA.4 et BA.5.
Certains affirment que l’évolution du virus vers toujours moins de virulence est un mythe.
Ce que l’on peut dire c’est que le variant actuellement prédominant, Omicron, est moins virulent, que l’on dispose d’une couverture vaccinale qui nous permet de revivre normalement. Mais cela n’empêche pas de rester vigilant, en adoptant des mesures de précaution adaptées à chacun. On doit intégrer le risque Omicron au même titre que la grippe. Il est impensable de mettre une société sous cloche, alors que l’on est avec Omicron, dans une situation « favorable », sans signaux d’alarme.