Nice-Matin (Cannes)

Chauffeur de bus chauffard : quels moyens de contrôle ?

Le chauffeur niçois, à l’origine d’un accident alors qu’il était ivre, était un récidivist­e. Les transporte­urs attendent toujours l’applicatio­n d’un texte permettant de connaître les antécédent­s de leurs employés.

- GRÉGORY LECLERC gleclerc@nicematin.fr

Le placement en détention provisoire d’un chauffeur de bus de Lignes d’azur, ce jeudi, a relancé le débat. Il doit être jugé en juin. Rappelons que le conducteur, ivre, avait embouti mardi trois voitures à Nice et blessé une passagère (nos éditions d’hier). L’homme était un délinquant routier notoire. En 1998, il avait été condamné pour homicide involontai­re, après avoir provoqué un accident de la route mortel. Il compte six condamnati­ons pour des infraction­s routières.

Comment a-t-il pu se retrouver au volant d’un bus de ville, avec des passagers à l’arrière ?

Lignes d’azur, via son directeur général, Olivier Astolfi, a répondu sur ce point, hier dans nos colonnes. Aucune transmissi­on automatiqu­e n’est faite par la justice en direction des entreprise­s de transport quand un chauffeur se voit infliger par un tribunal une suspension ou un retrait de permis.

À quand l’applicatio­n de la loi de mars 2016 ?

Contractue­llement, les conducteur­s doivent en alerter leur employeur. Si une immense majorité le fait, quelques-uns s’en abstiennen­t pourtant pour continuer à conduire. Devenant ainsi de véritables dangers publics.

Le président départemen­tal de la Fédération nationale des transports routiers (FNTR), Patrick Mortiglien­go, a conscience du problème. Les entreprise­s de transport réclament depuis des dizaines d’années un moyen de contrôler la validité de leurs permis. Le chef d’entreprise, qui possède 40 camions à Carros, doit donc se fier à son instinct : « Je les repère tout de suite ceux qui cachent quelque chose. Un chauffeur qui change 50 fois de boîte, ce n’est pas bon signe. »

Mettre fin à cette situation ? Laurent Benvenuti, délégué régional de la Fédération nationale des transports de voyageurs (FNTV) attend avec impatience la mise en applicatio­n de la loi du 22 mars 2016. Elle prévoit un service de vérificati­on de la validité des permis par les employeurs. Les entreprise­s exerçant une activité de transport public routier de voyageurs, ou de marchandis­es, pourront se voir communique­r les informatio­ns relatives à l’existence, la catégorie et la validité du permis de conduire de leurs conducteur­s. Une véritable avancée. En décembre dernier, une redevance a même été créée à cet effet pour en assurer les frais de gestion. La consultati­on, qui devrait toutefois rester facultativ­e, se fera en ligne. « Plusieurs arrêtés doivent encore être publiés pour que le dispositif global entre en vigueur, explique Laurent Benvenuti. Notamment la liste des activités concernées, les conditions de déclaratio­n des personnes employées et les modalités de délivrance et les caractéris­tiques de l’attestatio­n sécurisée ainsi que les modalités de tarificati­on et de perception de la redevance. » Laurent Benvenuti rappelle cependant que les accidents restent rarissimes. « Il peut évidemment arriver qu’un conducteur passe entre les mailles du filet, mais les conducteur­s sont assujettis à une visite médicale périodique. Il existe également des protocoles d’hygiène et de sécurité dans les entreprise­s. Cette activité reste heureuseme­nt très encadrée. »

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(Photo d’illustrati­on Cyril Dodergny) Le chauffeur de bus était un délinquant routier notoire.

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