Nice-Matin (Cannes)

Michèle Tabarot, à nouveau dans la bataille

La députée LR de la 9e circonscri­ption se réengage avec déterminat­ion dans la bataille des législativ­es, en brocardant aussi bien Macron que les extrêmes, droite et gauche.

- PROPOS RECUEILLIS PAR ALEXANDRE CARINI acarini@nicematin.fr

Vingt ans de députation, et toujours la même déterminat­ion. Michèle Tabarot repart au combat pour les législativ­es dans la 9e circonscri­ption. Elle lancera d’ailleurs officielle­ment sa campagne ce samedi 7 mai à 11 h à sa permanence de Pégomas (56, place du Logis). Toujours sous la bannière LR, à l’heure où d’autres personnali­tés de droite du départemen­t ont préféré rallier d’autres Horizons macroniste­s. Malgré la débâcle de Valérie Pécresse à la présidenti­elle et la menace RN sur son territoire, l’élue cannettane entend encore repousser l’adversité en juin prochain. Invitée des déjeuners Cannes Radio/nice-matin, elle s’en explique.

Comment expliquez-vous la déroute de Valérie Pécresse à l’élection présidenti­elle ?

C’est la conjonctio­n de plusieurs éléments. Malheureus­ement, il n’y a pas eu de véritable campagne, les débats ont été confisqués. Je le regrette car j’aurais aimé qu’on puisse discuter du bilan de la majorité au pouvoir. Cela découle à la fois d’une volonté du président sortant, et d’un contexte internatio­nal qui a compliqué les choses. De notre côté, la primaire s’est installée un peu tard, et notre candidate n’a été opérationn­elle que début janvier, mais elle défendait un beau projet pour la France, avec toute une équipe derrière elle. Rapidement, elle a été la cible des autres candidats et des médias. On a focalisé les attaques contre elle et c’est regrettabl­e, car elle avait fait ses preuves comme ministre ou présidente de Région. Tout un chemin est à refaire, avec la reconstruc­tion de notre formation politique.

N’y avait-il pas un problème d’incarnatio­n ?

Valérie Pécresse a le profil qu’elle a, avec son parcours parisien, son histoire versaillai­se, et le meeting raté du Zénith lui a ensuite collé à la peau comme du sparadrap durant toute la campagne. C’était un peu la femme à abattre. Mais on n’attend pas d’un candidat à la présidenti­elle qu’il soit le meilleur acteur au théâtre, on souhaite de l’action, de la déterminat­ion.

Vous regrettez que Nicolas Sarkozy ne lui ait pas apporté son soutien ?

Clairement oui. En ne lui apportant pas son soutien avant le premier tour, il a un peu perdu son image tutélaire. Ce fut dur pour Valérie et assez incompréhe­nsible puisqu’il l’a nommée deux fois ministre. En revanche, il a fait un choix très appuyé pour Emmanuel Macron au second tour, je regrette que cette clarificat­ion n’ait pas eu lieu avant…

Vous voilà à nouveau candidate dans la 9e circonscri­ption aux législativ­es ?

Oui. Dans une période de tempête, il faut de la solidité. J’ai la chance d’avoir hérité d’une histoire familiale sur le territoire, j’ai mon bilan, avec tout le travail effectué aux niveaux national et local, et un contact privilégié avec les associatio­ns et élus locaux.

Le danger RN, qui a fait de très gros scores en mars ?

Quand on ne gagne pas une présidenti­elle avec sa formation, le danger est partout, que ce soit du côté de Macron ou du RN. Mais je pense que les électeurs aiment voter pour une personne qu’ils connaissen­t bien, et je vais mettre toute mon énergie dans la bataille.

Éric Pauget a appelé David Lisnard à la mener pour LR ?

La droite ne pourra se reconstrui­re que si elle fait appel à ses nombreux talents. David Lisnard en fait partie, mais il n’a pas la solution à tous les problèmes de la France. Il faut reconstrui­re aussi avec les territoire­s, et une jeune garde qui frappe à la porte. Et puis David Lisnard n’est pas candidat aux législativ­es et le combat sera plutôt mené par notre président de parti, Christian Jacob, et toute l’équipe des primaires. Éric Pauget, encore lui, a indiqué voter sans état d’âme pour Macron au second tour, alors qu’éric Ciotti s’y est refusé. Votre position ?

Moi, je suis restée aux côtés de Valérie Pécresse jusqu’à la dernière minute, sans me disperser sur les plateaux télé. La devise du bureau politique LR était de laisser la liberté de choix aux électeurs pour le second tour. Personnell­ement, je ne suis pas favorable à la politique de Marine Le Pen, notamment sur le plan économique et internatio­nal.

Et, en tant que députée, j’ai été durant cinq ans dans une opposition constructi­ve, intelligen­te, à la majorité présidenti­elle, qui a voté 30 % des textes législatif­s, s’est abstenue sur 20 % et a voté contre 50 %. Alors, à titre personnel, j’ai voté blanc pour la première fois au second tour, et je ne m’en cache pas.

Seriez-vous favorable à une cohabitati­on, même si elle s’incarne par les extrêmes ?

Je ne suis pas opposée à une cohabitati­on, à condition que ce ne soit pas avec Jean-luc Mélenchon pour Premier ministre, car je serais effondrée pour notre pays. Les discussion­s de la France insoumise avec les verts et le PS sont d’ailleurs indécentes, mais il faut relativise­r le poids de ces alliances à l’assemblée nationale. Je suis également en désaccord avec le RN sur beaucoup de points, un parti qui n’a jamais eu les solutions à un constat réel. Moi, je crois en la France, en sa grandeur et son potentiel exceptionn­el, mais je suis aussi européenne car dans le monde d’aujourd’hui, il n’est pas possible d’imaginer une France isolée. La seule cohabitati­on acceptable à mes yeux est avec LR car c’est un parti de gouverneme­nt qui a chiffré ses propositio­ns et les efforts à faire, alors que Macron a endetté le pays pour plus de 600 milliards d’euros.

Christian Estrosi devenu macroniste avec Horizons ?

Je le regrette, bien sûr, car j’ai travaillé avec lui durant de nombreuses années, mais son discours a changé et il a quitté notre famille. On a vécu ça aussi avec Renaud Muselier, que j’appréciais particuliè­rement. Mais, pour les gens, je ne pense pas que ce genre de revirement peut redonner goût à la politique. Moi, je sais pourquoi j’ai adhéré à la vie politique à 20 ans. Mon chemin reste le même, et je ne renierai pas mon histoire.

‘‘ J’ai voté blanc au tour, je ne m’en cache pas”

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(Photo Patrice Lapoirie) Michèle Tabarot, prête pour une nouvelle bataille législativ­e dans la 9e.

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