Nice-Matin (Cannes)

Stéphanie Frappart vue du Sud

Gilles Veissière, Frédéric Arnault et Jean-philippe Izzo, trois arbitres niçois posent des regards distincts sur la femme de 38 ans au sifflet demain. Une première dans l’histoire de la Coupe.

- WILLIAM HUMBERSET

Une femme au sifflet, c'est une première en finale de Coupe de France. Une évolution sociétale logique selon Gilles Veissière. « Comme en politique, en journalism­e et dans de nombreux milieux profession­nels, la parité a pris sa place, » observe l’ancien arbitre internatio­nal niçois de 62 ans. L'évolution ne plaît pas forcément à tout le monde. Encore moins quand on évoque le nom de Stéphanie Frappart. «Lavoir arbitrer Nice en finale de Coupe de France, c’est une hérésie, » s’emporte Jeanphilip­pe Izzo, un autre Azuréen qui officiait en noir, drapeau d’assistant en main. « Le club aurait dû monter au créneau pour éviter qu'elle soit désignée ! Son passif avec L'OGC Nice montre à quel point c'est une arbitre médiocre ! »

Brest, Strasbourg, des antécédent­s qui fâchent

A Brest, le 9 janvier dernier (victoire 3-0), puis à Strasbourg

un mois et demi plus tard (0-0), l'arbitrage de la Francilien­ne de 38 ans a fait débat sur la Côte d'azur. En Bretagne, elle avait sévèrement expulsé Schneiderl­in pour un tacle appuyé, mais pas dangereux. A Strasbourg, les cartons rouges adressés à Dante et Kluivert semblaient tout aussi contestabl­es. « C’est difficile à juger si elle s'est trompée ou pas. C'est une question d'appréciati­on, tempère Frédéric Arnault, arbitre internatio­nal entre 1997 et 2006. Je l'ai vue arbitrer sur deux-trois matchs, elle a tenu la route, très sincèremen­t. Stéphanie Frappart officie depuis la saison 2017-18 en Ligue 1. Elle a fait la Supercoupe UEFA et une finale de Coupe du monde féminine. Le CV parle pour elle. »

« Tactiqueme­nt et techniquem­ent, le football féminin a progressé et entraîné également l'arbitrage féminin dans son sillage », abonde Gilles Veissière. Immédiatem­ent repris de volée par Jean-philippe Izzo, qui aurait préféré voir la jeunesse de Willy Delajod (29 ans) et Romain Lissorgue (30 ans) ou l'expérience de l'ancien footballeu­r Jérémy Stinat être plébiscité­s pour cette fête du foot français. « Ce n’est pas le même sport chez les hommes ou chez les femmes. La différence de niveau et de vitesse de jeu est énorme ! Certains vont me taxer de misogyne mais je m'en fiche, je peux citer du concret. Quand les Lyonnaises, les meilleures en France, affrontent les U17 de L'OL en amical, ils arrêtent le match à la pause à 6-0 en faveur des gamins ! »

Le Var fait moins débat

Le trio arbitral azuréen est divisé face au mélange des genres dans le monde du ballon rond. Il suffit en revanche d'évoquer l'interventi­on du 4e arbitre à Strasbourg, en l'occurrence Hakim Ben El Hadj, lors de l'expulsion de Kluivert pour réveiller la contestati­on chez Gilles Veissière. « Si ces personnes ne pouvaient intervenir qu’en cas de force majeure, ce ne serait que mieux pour le football. Ce genre d’interventi­on extérieure n'est pas faite pour améliorer la prestation de l'arbitre et ses assistants. Tout comme le Var, que je croyais être là pour réparer une injustice flagrante et mettre tout le monde d’accord dans un stade. Au contraire, elle en rajoute. Parce que certains veulent justifier leurs salaires. » « Aux commandes du Var, on ne retrouve pas forcément des garçons qui ont eu le même niveau que ceux sur le terrain, approuve Frédéric Arnault. On a fait appel à des arbitres qui s'étaient arrêtés ou des personnes qui n’ont jamais mis un pied en Ligue1.»

« Le football était un sport. C’est devenu un spectacle. » Un constat que l’ancien adjoint aux sports de la ville de Nice ponctue d’un dernier tacle adressé aux acteurs du ballon rond. « Vous, les journalist­es, comme beaucoup de dirigeants, vous souhaitiez le Var. Vous êtes les premiers à vous en plaindre aujourd'hui, observe Gilles Veissière. Ce n'est pas toujours marrant d'enlever l'enthousias­me dans le football, n'est-ce pas ? Au départ, c'étaient des erreurs humaines et discutées. Aujourd'hui, elles ne sont ni l’un, ni l’autre. Vous avez reçu le coup de pied aux fesses que vous méritiez ! »

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 ?? (Photo PQR/LE Télégramme) ?? Stéphanie Frappart avait sévèrement expulsé Schneiderl­in à Brest cette saison, comme Dante et Kluivert à Strasbourg.
(Photo PQR/LE Télégramme) Stéphanie Frappart avait sévèrement expulsé Schneiderl­in à Brest cette saison, comme Dante et Kluivert à Strasbourg.
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