La semaine vagabonde de Denis Carreaux
Lundi
La faute à Poutine. Journaliste un jour, journaliste toujours. Sur BFMTV, Éric Zemmour décortique sa défaite comme il aurait pu le faire il y a encore quelques mois dans Le Figaro ou sur Cnews. Une analyse circonstanciée sur les raisons de son échec, le comportement des Français et les reports de voix. Peu porté sur l’autocritique, le leader de Reconquête a trouvé les coupables. Ou plutôt le coupable. « C’est Poutine ! », tonne Zemmour, expliquant que la veille de l’offensive en Ukraine, il était quasiment en route pour l’élysée. « Ce jour-là, je suis à 16,5 %. J’ai dépassé Marine Le Pen et Valérie Pécresse. Je suis au second tour ». On connaît la suite. Dès le début de la guerre, Zemmour s’effondre, victime, estime-t-il, de l’« effet drapeau » qui fait fuir une partie de ses électeurs vers Emmanuel Macron, mais aussi de la menace Mélenchon qui en ramène d’autres vers Marine Le Pen.
Résultat : 10 points en moins en un mois et demi. Pas sympa, Poutine.
Mardi
Le monde merveilleux d’aymeric Caron. Les premières candidatures de la Nouvelle union populaire écologique et sociale née des accords entre La France Insoumise et ses nouveaux partenaires de gauche font déjà rêver. Aymeric Caron, ex-chroniqueur (encore un…) de Laurent Ruquier, annonce sa candidature aux législatives à Paris. Militant radical de la cause animale et président du mouvement Révolution écologiste pour le vivant (REV), Aymeric Caron s’est illustré ces dernières années par son combat en faveur de l’interdiction de la viande, mais surtout par sa volonté d’instaurer un « permis de voter » qui exclurait les citoyens pas assez cultivés ou insuffisamment informés. Une conception assez particulière de la démocratie.
Mercredi
Plus c’est long… Et de trois. Mercredi prochain, les membres du gouvernement participeront donc à leur troisième dernier conseil des ministres. En décidant de prolonger la mission de Jean Castex et de son équipe « jusqu’au 13 mai au moins », Emmanuel Macron se donne du temps et joue avec les nerfs de tout le monde. Les sortants qui redoutent d’être sortis. Les entrants potentiels scotchés à leur téléphone. Ceux aussi qui redoutent d’avoir à refuser une proposition qui ne se refuse pas. Étrange stratégie que celle d’emmanuel Macron. À vouloir maîtriser l’intégralité du casting, du choix du Premier ministre à la moindre investiture dans chacune des 577 circonscriptions, il fait régner une impression de grand flottement. Et laisse ses adversaires, Mélenchon en tête, occuper le champ médiatique en installant jour après jour l’idée que les législatives peuvent bel et bien se transformer en troisième tour de la présidentielle.
Jeudi
Le 5 mai à jamais. Trente ans après, nos confrères présents au stade de Furiani ce maudit 5 mai 1992 ont encore du mal à prendre la parole ou la plume. Leurs témoignages publiés dans notre journal sont bouleversants. Trente ans après, ce drame les hante toujours. Les images, les cris, le silence. La douleur physique pour certains. La culpabilité aussi d’être toujours de ce monde alors que dixneuf vies se sont envolées. Trente ans après, leur récit est indispensable. Tout autant que le travail opiniâtre du collectif des victimes, qui s’est battu pendant des années pour obtenir en 2021 le vote d’une loi interdisant les matchs de foot le 5 mai dans les stades français. Pourtant, en ce jour anniversaire, le Vélodrome accueille la demi-finale retour de la Ligue Conférence entre L’OM et Feyenoord. Si on peut concevoir que ce match européen ne soit pas soumis à cette règle française, il aurait été tellement élégant de faire autrement...
Vendredi
Joyeux anniversaire. Quel cadeau ! Dix ans jour pour jour après l’élection de François Hollande à la présidence de la République, les socialistes signent leur arrêt de mort en validant l’accord avec La France Insoumise de Jean-luc Mélenchon. En dix ans, le PS a à peu près tout perdu. Sa puissance. Son influence. Les élections. Installé au pouvoir jusqu’en 2017, il n’a pas atteint 2 % à la dernière présidentielle et choisit aujourd’hui de se soumettre à Mélenchon, trop content de faire rendre les armes à ses anciens camarades. En route vers le cimetière, les éléphants ne savent plus où donner de la trompe. Aubry et Hidalgo capitulent sans enthousiasme, Cazeneuve déserte, Le Foll pousse des hauts cris, Delga et Cambadélis pensent déjà à fonder un nouveau parti, et Hollande fait l’autruche, lui qui porte une si grande part de responsabilité dans l’inexorable descente aux enfers d’un Parti socialiste aujourd’hui en voie de disparition.
Samedi
Signé Roselyne. De quoi parle-t-on sur les réseaux sociaux après l’investiture d’emmanuel Macron ? De son court discours et de ses belles promesses ? Des commentaires acerbes de François Hollande à l’issue de la cérémonie ? Non, on cause de la tenue flashy de Roselyne Bachelot. Toute de vert vêtue parmi une assemblée de femmes et d’hommes en tenues sobres et sombres, Roselyne a réveillé la salle des fêtes de l’élysée et enflammé la Toile, comparée avec une délicatesse toute relative au Bonhomme Cetelem, au Géant vert, à Casimir ou encore à Babar.
Sacrée Roselyne ! Depuis qu’elle a rejoint le gouvernement (et abandonné pour cette raison sa chronique dominicale Signé Roselyne dans notre journal), la ministre de la Culture n’a jamais cherché à rentrer dans le moule. Indifférente aux critiques et aux modes, Roselyne Bachelot est tout simplement restée elle-même. Tellement rare en politique !
« En route vers le cimetière, les éléphants ne savent plus où donner de la trompe. »