Nice-Matin (Cannes)

L’arnaque au faux prince charmant monégasque

- ENQUÊTE : CHRISTOPHE CIRONE ccirone@nicematin.fr

Si vous avez vu le documentai­re L’arnaqueur de Tinder, l’histoire d’edwige vous paraîtra étonnammen­t familière. Si tel n’est pas le cas, elle vous semblera hautement improbable. Et pourtant.

Cette femme de 32 ans, domiciliée en région parisienne, a été victime d’un scénario digne de Netflix. Une « incroyable arnaque au cyber-prince charmant », comme l’a titré Le Parisien, en révélant l’affaire le 27 mars. Avec Edwige, notre confrère Nicolas Jacquard a remonté le fil de cette idylle brisée, retrouvé ses acteurs, confronté leurs versions. Ce fil, nous l’avons suivi à notre tour.

Le pitch : Edwige s’éprend d’un séduisant homme d’affaires qui n’existe pas. Un inconnu rencontré via Instagram, puis un acteur en chair et en os qui se font passer pour un Pastor, membre de la richissime famille monégasque.

Après plusieurs mois de cyber-romance, puis trois rencontres à Paris, Cannes et Saint-tropez, ce faux Arturo Pastor révèle à Edwige le pot aux roses. Des roses comme il en a plu au domicile et au salon de la belle esthéticie­nne.

« Une histoire dingue »

« Cette personne n’existe pas, mais mes sentiments ont existé. C’est une histoire dingue qui laisse énormément de traces, confie Edwige. Aujourd’hui, j’ai du mal à comprendre ce qui s’est passé, à répondre à tout un tas de questions. »

Qui ? Pourquoi ? Pourquoi elle ? Les commandita­ires ont-ils mis les grands moyens dans l’espoir de lui soutirer bien plus, à l’instar d’une victime de L’arnaqueur de Tinder, endettée et spoliée de 250 000 dollars (230 000 euros) ?

Pour percer le mystère, Edwige a déposé plainte au commissari­at de Massy (Essonne) en septembre 2021. L’enquête est pilotée par le parquet d’évry. Elle a accepté de témoigner, aussi, dans Le Parisien, puis Nice-matin.

« Ça pourrait arriver à d’autres femmes »

Elle se sent «bête» , «naïve» , s’en est « beaucoup voulu. » Elle a hésité à parler, craint d’être jugée. « Mais je ne vais pas y prêter attention. Je veux juste que l’on trouve ces personnes, qu’elles paient pour ce qu’elles ont fait. Ça pourrait arriver à beaucoup de femmes... »

Edwige a déménagé, par peur de représaill­es. Courageuse, déterminée, elle nous a accordé deux heures d’entretien en visioconfé­rence, aux côtés de son avocate, Me Anne-claire Le Jeune. Elle a étayé ses propos d’une centaine de photos, vidéos, captures d’écran et fichiers audio.

L’acteur nous a livré sa version, lui aussi. Tout comme un avocat monégasque, qui dénonce, à son tour, une escroqueri­e. Témoignage­s, factures, courriers : tout ramène à une mystérieus­e Virginie B. Elle n’a pu être jointe. Bien des zones d’ombre persistent autour de l’arnaqueur d’instagram.

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