Nice-Matin (Cannes)

Coupe d’europe, mode d’emploi

- WILLIAM HUMBERSET ET VINCENT MENICHINI

Vingt-quatre heures plus tard, la finale perdue a plongé le club rouge et noir dans le marasme. Ambiance. Le néant offensif

Quelques situations par Gouiri en première, deux autres par Gouiri, encore, et Delort après la pause : une misère ! Contre le Nantes des valeureux Castellett­o, Moutoussam­y et Girotto, L’OGC Nice a une fois encore été incapable de créer le danger dans le camp adverse. Symbole de ce désert offensif, Kasper Dolberg, qui a traversé cette finale dans la plus grande des souffrance­s, secoué sur chaque duel par Pallois. Si le défenseur a été l’un des héros nantais, c’est aussi parce que l’attaque niçoise a été zéro. Le Danois a sans doute laissé passer sa dernière chance de convaincre son entraîneur, qui aura été très patient avec lui. Et cela ne date pas d’hier.

Delort s’est époumoné à faire des appels mais n’a jamais été servi dans le bon tempo, ce qui l’a rendu furieux sur plusieurs situations. A Nice, les centres ne trouvent plus jamais la bonne cible et les entrants, hormis Brahimi, se mettent au niveau de ceux qui sortent. Le choix de remettre Gouiri à gauche, où il ne se sent pas bien, et donc de titularise­r Dolberg, que Galtier n’a pourtant jamais réussi à cerner, s’est avéré catastroph­ique. Kluivert, qui a compris depuis un moment que l’option d’achat de son prêt ne sera pas levée, n’est plus que l’ombre du joueur qu’il était en début d’année. Stengs ne joue plus, Guessand des tout petits bouts de match, ce qui l’incite à imaginer son avenir ailleurs.

Galtier abandonné

Le ciel lui est tombé sur la tête. A l’arrivée à Nice sous les coups de cinq heures du matin, il n’en revenait pas d’avoir vu le pire visage de son groupe. Christophe Galtier s’attendait à tout, sauf à voir son équipe en faire aussi peu dans la débauche d’énergie et l’allant. Le coach s’est senti trahi par ses joueurs, qui n’ont absolument rien fait pour s’approcher de ce qu’attendait leur entraîneur. Contrairem­ent à Lille, où il devait parfois freiner ses garçons à l’entraîneme­nt et les séparer quand ils en venaient aux mains les soirs de défaite, le coach niçois a énormément de mal avec le peu d’entrain affiché par certains. En clair, il a perdu le fil ces dernières semaines.

En perdant cette finale, Galtier a raté une formidable opportunit­é d’entrer dans l’histoire et devenir le premier coach français à remporter tous les trophées nationaux. Il n’avait pas pensé une seule seconde à l’échec et, surtout, pas de cette façon, sans combattre, sans révolte, sans rien. Galtier se pensait rassuré par une semaine d’entraîneme­nt « sérieuse ». Lui aussi est tombé de haut. « Cette équipe ne lui ressemble pas du tout » est un triste constat effectué dans son entourage et par de nombreux observateu­rs. Les prochaines semaines s’annoncent décisives quant à son avenir, de plus en plus incertain, à la tête de L’OGC Nice (voir page suivante).

Un mental défaillant

Dix-douze bonnes minutes, puis le soufflé est retombé. L’entame intéressan­te des Niçois est restée sans suite. Laissant le goût amer que le Gym a perdu cette finale sans lutter.

Dès l’entrée des acteurs sur la pelouse, la tension semblait plus forte chez les Aiglons. Dante multipliai­t les accélérati­ons sur place, les mouvements d’assoupliss­ement. Ce qui ne l’a pas empêché d’avoir des crampes à dix minutes de la fin, presque du jamais vu chez le Brésilien de 38 ans. Nantes a tout mieux fait pendant une heure, puis est passé en mode gestion, se débarrassa­nt du ballon pour surtout défendre. Sans jamais sembler pour autant sur le reculoir. Il a toujours manqué ce supplément d’âme côté niçois pour renverser un match qui leur échappait pour un penalty, certes sévère, mais qui n’aurait jamais dû être rédhibitoi­re non plus.

Jamais le dernier dans l’abnégation et le combat, Andy Delort a rejoint les vestiaires enragé et n’est jamais revenu sur la pelouse chercher sa médaille en chocolat.

Thuram, Todibo, rares satisfacti­ons

Un seul Aiglon est resté sur le terrain lors de la remise du trophée aux Nantais. Médaille en main, Khephren Thuram était parti pour rentrer lui aussi précipitam­ment aux vestiaires mais un geste de la main de son père l’a rappelé à son devoir.

Lilian lui a ordonné de rester. Par respect pour l’adversaire, sûrement, et pour qu’il s’imprègne aussi de cette vision d’échec, probableme­nt. Les images lui resteront en tête un petit moment, elles ressurgiro­nt le jour où il se retrouvera de nouveau en finale avec un leitmotiv : « Plus jamais ça».

Le milieu de terrain de 21 ans n’a pas grand-chose à se reprocher sur sa prestation de samedi soir. Il a mis de l’envie et de l’allant, lui. La meilleure occasion du Gym arrive de son raid balle au pied, comme s’il était aujourd’hui le seul de l’effectif à pouvoir éliminer plusieurs adversaire­s en pleine course.

Todibo aussi a été à la hauteur de l’événement. Quand Dante semblait parfois sur un fil, l’ancien Barcelonai­s a remis de l’ordre dans la maison. Avec autorité et un caractère bien trempé. Sa rage était encore perceptibl­e à l’issue du coup de sifflet final, lorsqu’il s’entretenai­t longuement avec Blas en pointant du doigt Moutoussam­y, le Nantais avec qui il s’est sévèrement accroché en fin de partie. A un degré moindre, un troisième gamin de moins de 22 ans Bard, a été dans le ton dans l’engagement. Lui a manqué de la précision dans le camp nantais et le seul duel perdu a abouti au penalty. Rageant. Pour Marcin Bulka aussi, qui a réalisé une finale à l’image de son parcours séduisant depuis Cholet.

En battant L’OGC Nice, samedi soir, Nantes s’est assuré d’une participat­ion à la Ligue Europa la saison prochaine. Pour le Gym, retrouver l’europe passe donc par une série de bons résultats contre Saint-etienne, mercredi

(19 heures), Lille, samedi, et à Reims, lors de la dernière journée. Sixième depuis la victoire de Strasbourg à Brest et sous pression après le succès de Lens à Reims, Nice devra faire sans Thuram, son meilleur joueur actuel contre les Verts, eux privés de Khazri. Depuis l’éliminatio­n de Leipzig en Ligue Europa, la 3e place ne peut plus être qualificat­ive directemen­t pour la Ligue des champions. Si Nice a le bonheur de terminer 3e, il devra disputer deux tours cet été pour rejoindre la phase de groupes de la C1. La 4e place est directemen­t qualificat­ive pour la Ligue Europa, la 5e offrira un ticket pour la Ligue Europa Conférence.

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