Nice-Matin (Cannes)

« Les investisse­urs ont fait monter les prix, pénalisant les actifs »

- PROPOS RECUEILLIS PAR A. P.

Les Obligation­s assimilées du Trésor (OAT) sont la référence pour quantifier le coût d’un crédit. Ces trois derniers mois, elles ont augmenté très fortement. Entraînant aussi la hausse des taux moyens des crédits immobilier­s.

À quel taux peut-on emprunter, aujourd’hui ?

L’an dernier, on distribuai­t des crédits sur 25 ans aux alentours de 0,80 % pour les beaux dossiers. Aujourd’hui, on se retrouve à vendre des crédits à 1,40 ou

1,50 %. On peut imaginer que cette hausse sera plus nette le mois prochain. Elle devrait d’ailleurs continuer a minima jusqu’au mois de juillet et aller jusqu’à 1,70 %.

Est-ce particuliè­rement haut ?

C’est en augmentati­on, mais par rapport à ce qu’on a fait sur les dix dernières années, ça reste très bas. La situation est un peu anxiogène parce qu’on était sur des taux extrêmemen­t bas mais qui n’étaient pas nécessaire­ment en corrélatio­n avec l’inflation et ce que devrait coûter l’argent réellement. De toute façon, le client a besoin de se loger et ce n’est pas le coût du prêt immobilier qui, aujourd’hui, va freiner son envie d’acheter. Il y a peut-être d’autres facteurs externes qui vont primer.

Les banques prêtent-elles facilement ?

Les banques restent très prêteuses. Sur les dossiers tendus, elles demandent 5 à 10 % d’apport en plus des frais. Les organismes de garantie se couvrent plus, il faut un peu plus d’apport que l’année dernière… mais on peut continuer à financer à 100 % un dossier de qualité.

Pourquoi se couvrent-ils plus ?

On reste aux prémices de cette tendance. Mais pour ce qui est de l’apport, en cas de difficulté, il est préférable que l’emprunteur ait une marge hypothécai­re. Pour bien revendre son bien.

Y a-t-il un seuil d’alerte ?

Non, car l’immobilier fonctionne en vases communican­ts. Les salaires des emprunteur­s ne sont pas extensible­s. Si les taux montent, cela réduit leur capacité d’emprunt. Et cette contrainte devrait amener à ce que les prix stagnent. Mais c’est une spéculatio­n de ma part.

C’est-à-dire ?

Quand on a des taux très bas et de l’argent qui ne rapporte pas énormément dans les placements, l’immobilier devient une valeur refuge. Les investisse­urs qui - eux peuvent obtenir du crédit, investisse­nt dedans. Ils font donc monter les prix de l’immobilier et ça pénalise les actifs. Une remise à niveau permettrai­t aux actifs de se loger plus facilement. La hausse des taux n’est pas si mauvaise si elle reste contrôlée et n’excède pas les 2,5 % sur 25 ans.

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