Un procès requis contre Dupond-moretti
Mis en examen pour prise illégale d’intérêt, l’ancien avocat et actuel garde des Sceaux Éric Dupond-moretti pourrait bientôt devoir rendre des comptes à la justice.
Le ministère public de la Cour de Justice de la République (CJR) a annoncé hier avoir requis le renvoi devant la Cour d’éric Dupondmoretti. Le ministre de la Justice est soupçonné d’avoir profité de sa fonction pour régler des comptes avec des magistrats avec lesquels il avait eu maille à partir quand il était avocat dans deux dossiers.
Selon un communiqué du parquet général près la Cour de cassation, le ministère public a jugé qu’il existait des « charges suffisantes » contre le garde des Sceaux pour le renvoyer devant la formation de jugement de la CJR, seule juridiction habilitée à poursuivre et juger des ministres pour des infractions commises dans l’exercice de leurs fonctions. La décision finale appartient désormais à la commission d’instruction de la CJR. Éric Dupond-moretti, nommé au gouvernement à l’été 2020, est mis en examen pour des faits de prises illégales d’intérêt depuis juillet 2021. Des plaintes de syndicats de magistrats et de l’association anticorruption Anticor, dénonçant deux situations de conflit d’intérêts depuis son arrivée à la Chancellerie, avaient donné lieu à l’ouverture d’une information judiciaire.
Convoqué en mars et en avril par les magistrats de la CJR sur les deux dossiers, il a refusé de répondre à leurs questions.
Édouard Levrault, ancien juge d’instruction à Monaco, aujourd’hui à Nice
Le premier dossier concerne l’enquête administrative qu’il a ordonnée en septembre 2020 contre trois magistrats du Parquet national financier (PNF) qui avaient fait éplucher ses factures téléphoniques détaillées (« fadettes ») quand il était encore une star du barreau.
Dans l’autre, il lui est reproché d’avoir diligenté des poursuites administratives contre un ancien juge d’instruction détaché à Monaco, Édouard Levrault – aujourd’hui en poste à Nice –, qui avait mis en examen un de ses ex-clients et dont il avait critiqué les méthodes de « cow-boy ».
Ses avocats ont fait part de leur « étonnement » de recevoir si rapidement ce réquisitoire, « quelques jours avant la formation d’un nouveau gouvernement ».