Condamné pour viol trente-quatre ans après les faits
Trente-quatre ans qu’elle portait ce secret qui l’empêchait de vivre normalement. Emma*, 42 ans, est sortie en larmes mais soulagée, hier, de la cour d’assises des Alpes-maritimes. Elle a été longuement consolée par ses proches, tous très émus.
Son oncle, 67 ans, un retraité de la marine, a été reconnu coupable d’un « viol incestueux sur mineure de moins de quinze ans par personne ayant autorité » et d’une série d’agressions sexuelles. Les faits se sont produits à Toulon et Colomars entre 1988 et 1990. Seule la réforme des délais de prescription en matière de viol a permis à Emma d’obtenir justice. Pendant les trois jours du procès, l’accusé a évoqué des jeux qui n’avaient, selon lui, aucune connotation sexuelle. L’homme avait échappé une première fois à des poursuites pénales quand une autre enfant, inconnue d’emma, s’était plainte de ses agissements. L’affaire avait été classée faute de preuves suffisantes.
« Emma a déposé plainte parce qu’elle avait besoin d’avancer dans la vie »
Cette fois, l’avocat général Léopold Mendes a estimé qu’il y avait un faisceau d’indices suffisants pour requérir quinze ans de réclusion criminelle contre cet homme sans casier judiciaire, qui comparaissait libre. Me Anna Branellec, partie civile, s’est félicitée de l’issue de ce très long parcours judiciaire. « Emma a déposé plainte parce qu’elle avait besoin d’avancer dans la vie », a souligné l’avocate parisienne. Le retentissement psychologique sur la victime a sans doute pesé lourd au moment du verdict.
En défense, Me Émilie Bender a insisté sur les limites d’un procès aussi éloigné de la date des faits : «Ilyaévidemment un problème de preuves dans cette affaire. La mémoire s’efface au fil du temps. La vérité d’une victime peut aussi se révéler une fausse vérité. » La présidente de la Cour, Emmanuelle De Rosa, a rappelé au condamné qu’il avait dix jours pour faire appel.