Dans les Alpes-maritimes aussi, Orpea libère la parole
Epinglé par un livre-enquête mettant en cause des maltraitances dans ses maisons de retraite, le groupe français lance des échanges et une consultation pour une autre vie en Ehpad.
Redonner la parole. Aux résidents, à leurs familles, aux personnels, aux intervenants extérieurs, aux élus... Tel est le but des états généraux du groupe Orpea (12 établissements et 800 résidents sur le département des Alpes-maritimes), engagés hier, à l’échelon national, et qui vont durer jusqu’au 18 juin.
L’ehpad de Nice, Orpea Résidence Corniche-fleurie, accueillant 80 pensionnaires, a lui aussi pris part à cet événement. Un événement justifié notamment par le livre-enquête Les Fossoyeurs, publié fin janvier 2022 par le journaliste Victor Castanet, accusant le groupe Orpea de graves manquements dans la prise en charge des résidents de ses maisons de retraite. Il faut sans doute revoir pas mal de choses dans le quotidien des personnes concernées par le grand âge.
Des failles dans le système
« Tous nos établissements ouvrent leurs portes pour expliquer les métiers, organiser des rencontres », argumente Jean-christophe Romersi, directeur général Orpea France. Des rencontres qui ont commencé par un film de vingt minutes tourné par Fanny Valat (journaliste consultante indépendante spécialisée dans la concertation citoyenne et l’accompagnement au changement) et son équipe. «Une enquête audiovisuelle qui nous a conduits dans 6 Ehpad Orpea de France et au cours de laquelle, nous avons interrogé 89 personnes », résume la journaliste. Et il en ressort quoi ? «Un besoin de libérer la parole, de reconnaissance de la part du personnel, d’avoir le choix. Le choix pour le résident de se lever ou pas, de sortir, d’aller dehors prendre un café...»
Mais sont aussi pointés du doigt le manque de personnel, le manque de temps pour faire des choses simples. Une salariée interviewée souligne qu’elle n’a « que 15 minutes pour faire une toilette, qui en nécessite 40...».
Le film. Les prises de parole. « On veut recueillir tous les ressentis, toutes les préoccupations, toutes les suggestions », martèle Hervé Ribeiro, directeur de l’orpea Corniche-fleurie. Parler. Écrire aussi : «On lance une plateforme web avec des questionnaires, des évaluations. On a aussi des cahiers de doléances. »
(1) Sur ces cahiers, sur ce site, figureront probablement les propositions de Jeanluc, fils d’une résidente de 94 ans, victime d’un AVC : « Ici, on fait du bon travail, mais on peut encore l’améliorer par des mesures que j’ai soumises à la députée Marine Brenier-ohanessian : créer une journée citoyenne pour les 65 ans et plus, responsabiliser la famille, défiscaliser les boulots des intervenants extérieurs comme les coiffeurs, les dames de compagnie...»
Rebondir dès cet automne
Jean-christophe Romersi et Hervé Ribeiro sont conscients de la situation, des difficultés, des carences : « Les métiers fédérés par les Ehpad attirent moins. À nous aussi de travailler sur leur pénibilité, l’attractivité, les parcours de carrière. Il faut régénérer les vocations. »
Justement, une fois les états généraux terminés, les équipes travailleront tout l’été, avant un grand débat, prévu cet automne, afin de tirer les conclusions de cette réflexion collective et repartir sur d’autres bases. Sur une humanité que beaucoup espèrent plus lumineuse.