Jean Castex en poste au moins jusqu’à lundi
Une page s’est tournée, hier soir, avec la fin du premier quinquennat Macron. Le nouveau Premier ministre et le nouveau gouvernement se font attendre.
Quand Jean Castex apportera-t-il sa lettre de démission au chef de l'état ? L'élysée n'a donné aucune indication. Une chose est sûre, le chef du gouvernement est en train de faire ses cartons, une « nécessité politique » selon lui, pendant qu’emmanuel Macron cherche à se procurer un nouveau souffle pour les législatives des 12 et 19 juin.
Démission lundi soir ?
Le changement, ce n'est pas pour ce week-end ! Demain, Jean Castex effectue un dernier déplacement au Vatican, en sa qualité de Premier ministre et non en tant qu'ancien chef du gouvernement. Il conduira la délégation française pour la canonisation de l'explorateur puis ermite Charles de Foucauld.
Dès lors, le scénario d'un départ en début de semaine se dessine. « La démission interviendra lundi », croit savoir un responsable de la majorité.
Reste à savoir si son successeur sera nommé dans la foulée et dans quel délai la nouvelle équipe gouvernementale sera formée. En attendant, Jean Castex a fait ses adieux au personnel de Matignon mercredi, puis jeudi soir aux ministres, conviés à un buffet dans les jardins avec leurs conjoints. « N’oubliez jamais que nous ne sommes que des serviteurs ! L’action politique est une action collective. Les ambitions sont légitimes mais elles ne valent que si elles sont au service du collectif », a-t-il dit, selon un participant, aux ministres qui lui ont offert une ovation debout et un maillot de rugby floqué du numéro 9. Le futur chef du gouvernement – une femme a priori – devrait donc être à pied d'oeuvre pour un premier Conseil des ministres mercredi ou les jours suivants.
Une tradition républicaine
Dans l'absolu, tout est possible, d'autant plus que le chef de l'état se pose toujours volontiers en « maître des horloges » et du suspense. « C’est une coutume, une tradition républicaine qui veut que le Premier ministre présente sa démission lorsqu'un nouveau président de la République est élu, même s’il n'y est pas obligé », explique Dominique Rousseau, professeur de Droit constitutionnel à l'université Panthéon-sorbonne. En cas de réélection, il peut le faire dès le lendemain du scrutin – c'est le cas au sortir d'une cohabitation – ou au début du nouveau mandat. En théorie, le Premier ministre peut aussi expédier les affaires courantes jusqu'aux législatives des 12 et 19 juin, puis remettre sa démission au lendemain du scrutin. « Ce n’est pas une règle écrite mais c'est l'usage qui a toujours été respecté depuis 1958 », note le constitutionnaliste.
Un profil « techno »
Emmanuel Macron a assuré lundi à Berlin qu'il savait déjà qui serait son prochain Premier ministre, doté selon lui d’un profil « social, écologique, et productif ».
La ministre du Travail Élisabeth Borne, la directrice générale de l’unesco Audrey Azoulay, l’ex-ministre socialiste des Affaires sociales Marisol Touraine : plusieurs noms au profil « techno » circulent. Certains appellent le chef de l'état à ne plus tarder alors que les forces de gauche, réunies derrière Jeanluc Mélenchon, occupent le devant de la scène.
« Nommer plus tard le Premier ministre peut permettre d’avoir un effet de souffle à l’annonce du nouveau gouvernement », estime Benjamin Morel, maître de conférence en Droit public à l'université Paris 2. « Mais vous ne renverserez pas la table » si le choix se porte sur «des personnalités assez peu marquantes dans l’opinion ».