Erdogan contre l’adhésion de la Finlande et de la Suède à l’otan
Le président turc s’est montré hostile à l’idée de voir les deux pays nordiques rejoindre l’alliance atlantique. Une position qui jette un froid auprès des membres de l’organisation.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a exprimé hier son hostilité à l'adhésion de la Finlande et de la Suède à l'otan, au risque de bloquer l'ensemble du processus qui requiert l'unanimité des trente membres de l'alliance atlantique. « Nous n’avons pas un avis positif », a-t-il notamment déclaré, assurant ne pas vouloir voir « se répéter la même erreur que celle commise au moment de l'adhésion de la Grèce », son voisin avec lequel elle entretient des relations historiquement compliquées.
Le chef de l'état turc reproche aux deux pays nordiques de servir « d’auberge aux terroristes du PKK », le Parti des travailleurs du Kurdistan, considéré comme une organisation terroriste par la Turquie, État membre de l’otan, et aussi l'union européenne et les États-unis.
Ces déclarations jettent un froid sur un processus appuyé par la plupart des membres de l'otan et par son secrétaire général, Jens Stoltenberg, qui s'est dit prêt à les accueillir « à bras ouverts ».
Rendez-vous à Berlin
La Suède et la Finlande ont fait savoir simultanément qu'elles souhaitaient continuer de discuter de la situation avec la Turquie, au cours d’une réunion des ministres des Affaires étrangères des membres de l'otan à Berlin, ce weekend. La cheffe suédoise de la diplomatie, Ann Linde, a déclaré qu’elle aurait « l’occasion de discuter » pendant cette rencontre avec son homologue turc Mevlut Cavusoglu,
qui a confirmé sa participation. Le président américain Joe Biden s'est quant à lui entretenu un peu plus d'une demi-heure hier avec la Première ministre suédoise Magdalena Andersson et le président finlandais Sauli Niinistö. La porte-parole de la Maison Blanche, Jen Psaki, avait répété jeudi que les États-unis soutiendraient une demande d'adhésion de la Suède et de la Finlande. La secrétaire d'etat américaine adjointe chargée de l'europe, Karen Donfried, a elle aussi assuré qu’il existait « un fort soutien » à leur entrée dans l'alliance et que le nécessaire serait fait pour « clarifier la position de la Turquie ». Helsinki avait pourtant exprimé sa confiance dans le soutien turc : après s'être entretenu début avril avec Erdogan, son homologue finlandais, Sauli Niinistö, avait alors estimé sur Twitter que «la Turquie sout[enait] les objectifs de la Finlande ».
Candidature officialisée demain ?
La candidature finlandaise, défendue par le président et la Première ministre, doit être officialisée par le tandem à la tête de l'exécutif demain. Moscou avait par avance dénoncé une décision qui « assurément » constituerait une menace contre la Russie et aurait des « conséquences (...) pour l'architecture sécuritaire européenne dans son
Les ministres de la Défense russe et américain se parlent... mais sans grand effet
Le ministre américain de la défense Lloyd Austin a demandé hier dans un appel à son homologue russe Sergueï Choïgou un cessez-lefeu « immédiat » en Ukraine, mais aucun « problème aigu » n’a pu être résolu lors de leur échange, a annoncé le Pentagone. Les deux dirigeants ont échangé pour la première fois depuis le 18 février, quelques jours avant le déclenchement du conflit en Ukraine. Selon un haut responsable du Pentagone, « l’appel en lui-même n'a résolu aucun problème aigu ou mené à des changements directs dans ce que les Russes font ou disent ».
ensemble ». Pour Soner Cagaptay, un analyste du Washington Institute, l'attitude de la Turquie « risque de la faire apparaître au sein de l'otan comme un pays prorusse, à l’image de la Hongrie en Europe. Ses raisons sont peut-être légitimes, mais cela risque de détériorer son image au sein de l’otan ».
Selon les derniers sondages, la
moitié des quelque dix millions de Suédois sont désormais favorables à une entrée dans l'alliance, les deux tiers si les Finlandais la rejoignent également.
Et en Finlande, qui a 1 300 km de frontière avec la Russie, ce sont plus des trois quarts de ses 5,5 millions d'habitants qui veulent rejoindre le parapluie de l'otan.