Nice-Matin (Cannes)

On a testé le curling à Nice… et ça ne s’est pas très bien passé

Le Nice Curling Club ne compte que 14 adhérents. Pas de quoi les empêcher d’accueillir des équipes internatio­nales jusqu’à ce soir. L’occasion pour nous d’aller balayer la glace… et pas qu’avec le balai.

- PIERRE PEYRET ppeyret@nicematin.fr

Trois points. Pour une première partie de curling, c’est plutôt un bon résultat. Dommage qu’il s’agisse de points de suture, mon arcade ayant voulu aller tester la qualité de la glace de la patinoire Jean-bouin, à Nice. Une telle mésaventur­e ne devrait pas arriver aux membres des 20 équipes présentes jusqu’à ce soir pour la Nissa Curling Cup, le tournoi internatio­nal qui réunit sur la Côte d’azur des formations venues de Grande-bretagne, d’italie, d’espagne, de Monaco, de Suisse, du Danemark, de Pologne et même de Lituanie !

Le Nice Curling Club, à l’origine de l’événement, après un précédent rendez-vous en 2019, en a profité pour proposer des séances d’initiation jeudi dernier. Une belle opportunit­é de se faire connaître, pour ce club fondé en 2009. Car les 14 membres doivent composer – en plus d’un sport dont on ne parle que tous les quatre ans, lors des Jeux olympiques d’hiver –, avec les autres activités de la patinoire pour obtenir des créneaux d’entraîneme­nt.

Des entraîneme­nts de 22 heures à minuit

« Le problème, c’est qu’il n’y a qu’une patinoire à Nice », rappelle Nicolas, trésorier et l’un des membres les plus actifs. « On doit cohabiter avec le patin à glace et le hockey. Pour le moment, grâce à la Ville, on a trois créneaux hebdomadai­res. » Avec des horaires pour le moins particulie­rs : le vendredi entre midi et 14 heures, et le mercredi de 22 heures à minuit. « Certains mercredis, il faut être motivé », sourit Martine. «Onaunautre­créneau, le lundi, mais il est dédié au handicurl. On est là pour assister les personnes en situation de handicap », précise-t-elle. Car si le curling est loin d’être le sport le plus connu, il n’en reste pas moins une activité olympique et paralympiq­ue. C’est ce qui a motivé Cédric à débarquer il y a quelques années. « Avec des potes, on s’est demandé quel sport pourrait nous permettre d’aller aux Jeux olympiques après 30 ans. » Résultat, ce sera le curling. « Mais bon, en fait, c’est impossible », rigole-t-il.

Vraiment pas comme à la télévision

Plaisir coupable des JO d’hiver, raillé par certains pour la longueur de ses parties (deux heures), adulé par d’autres pour le look de certains joueurs, le curling est une activité plus complexe qu’elle n’en a l’air. Car la première impression marquante quand on entre sur la patinoire, c’est la longueur du terrain : près de 40 mètres. « L’impression rendue par la télévision – où tout est filmé en plongée – n’a rien àvoiravecl­aréalité» , assure Alain, un autre curleur niçois. Impression confirmée.

Arrivé sur la glace, le « rink », le nom de la piste, semble interminab­le. Et la cible à atteindre avec la pierre, la maison, inatteigna­ble (on ne fait pas durer le suspense : ce sera le cas…). Car si le but du sport – placer le plus grand nombre de pierres le plus près possible du centre, et additionne­r le plus de points à chaque manche – est simple, y parvenir est une tout autre histoire.

Entre la pétanque, les échecs et le billard

« Le curling combine trois sports », résume Nicolas, d’origine suisse et arrivé en 2015, avec sa passion pour ce sport pas comme les autres dans les bagages : « La pétanque, pour la précision ; les échecs, pour la stratégie ; et le billard, avec le fait de pouvoir jouer avec les autres pierres », énumère-t-il.

Pour cette première séance, ni pétanque, ni échecs et encore moins de billard. L’objectif, dans un premier temps, est surtout d’arriver à se mouvoir sur la glace. Un geste pas très naturel à adopter, une chaussure étant rendue extrêmemen­t glissante avec une plaque en Téflon (quelle idée !) alors que l’autre est antidérapa­nte. Résultat : on se retrouve à se déplacer en claudiquan­t, genre manchot à jambe de bois.

Travail de coordinati­on et de concentrat­ion

Place au premier lancer. Pied posé sur le « hack », la pierre en granite de vingt kilos dans une main, le balai pour se stabiliser dans l’autre, le regard posé sur la cible… Vient le moment de s’élancer et de glisser sur un genou d’un côté, la jambe tendue en arrière de l’autre, et lâcher la pierre, fort de notre élan, dans l’espoir de la voir glisser pendant 40 mètres… avant de la voir lamentable­ment s’échouer à 15 mètres de l’en-but. Et ce n’est pas la fin de notre galère. Car de lanceur, nous passons balayeur. « Une partie de curling peut se jouer par équipe de deux, de trois ou de quatre » , détaille Cédric. Mais dans tous les cas, il y a un balayeur, et son rôle est aussi essentiel que la technique à adopter est complexe.

« Freiner le ralentisse­ment »

« Son action permet non pas d’accélérer la pierre, comme certains peuvent le penser, mais de freiner son ralentisse­ment », essaie de nous expliquer Alain, dont la nuance entre accélérati­on et ralentisse­ment de la décélérati­on nous laisse songeur.

Surtout que, déjà, la pierre lancée par Cédric arrive (beaucoup trop vite). Et l’action combinée du balayage et des pas chassés à effectuer, avec un pied qui glisse et l’autre qui accroche, ne peut que mal se terminer… Heureuseme­nt, au curling, ce n’est pas la glace qui manque. Et promis, on reviendra terminer cette première séance sans passer par la case urgences.

 ?? (Photos Lauriane Sandrini) ?? Le balai dans une main, la pierre dans l’autre et le regard sur la cible – 40 mètres plus loin –, il n’y a plus qu’à prendre de l’élan…
(Photos Lauriane Sandrini) Le balai dans une main, la pierre dans l’autre et le regard sur la cible – 40 mètres plus loin –, il n’y a plus qu’à prendre de l’élan…
 ?? ?? Avec une chaussure glissante et l’autre antidérapa­nte, se déplacer est déjà compliqué.
Avec une chaussure glissante et l’autre antidérapa­nte, se déplacer est déjà compliqué.
 ?? ?? Une pierre de curling, en granite, coûte environ mille euros.
Une pierre de curling, en granite, coûte environ mille euros.

Newspapers in French

Newspapers from France