La polémique sur le burkini enflamme Grenoble
La municipalité iséroise de l’écologiste Éric Piolle veut l’autoriser dans les piscines. Au grand dam, notamment, de l’opposition.
Àl’approche de l’été, le code vestimentaire dans les piscines de Grenoble fait des remous, alors que la municipalité menée par l’écologiste Eric Piolle veut autoriser le burkini (et le monokini), à la grande fureur de l’opposition. Le maire EELV l’avait promis de longue date, le sujet serait remis sur la table après l’élection présidentielle et avant l’ouverture estivale des piscines municipales, mi-juin. Et cette thématique qui polarise depuis plusieurs mois la classe politique française figure à l’ordre du jour du conseil municipal prévu demain. Concrètement, il s’agit de modifier le règlement intérieur des piscines municipales, notamment son article 12, qui exige des usagers une « tenue décente » et « une attitude correcte ».
Tempête dans une piscine
Pour l’heure, le texte requiert que les baigneurs soient vêtus d’un maillot de bain recouvrant « au minimum la partie située entre le haut des cuisses et la ceinture et au maximum la partie située au-dessus des genoux et au-dessus des coudes ». Ces précisions pourraient sauter dans le texte remanié.
Car pour le maire de Grenoble, les restrictions introduites il y a dix ans se résument à « des injonctions sur le corps des femmes ». « Notre volonté est de lever les interdits vestimentaires aberrants : cela concerne les seins nus, les maillots couvrants pour se protéger du soleil ou pour raison de conviction. La question n’est pas d’être pour ou contre le burkini spécifiquement », argue-t-il, tout en plaidant pour un service public « accessible à tous » et en invoquant la loi de 1905 sur la laïcité.
Mais pour ses opposants, le burkini n’est qu’une « version aquatique du voile islamiste ».
En quelques jours, le vote annoncé au conseil municipal a provoqué une tempête politique, les deux camps s’affrontant à coups de tribunes, pétitions et prises de position musclées.
Début mai, le président (LR) de la région
Une tribune de soutien de personnalités
Dans l’autre camp, une centaine de personnalités dont des féministes comme Caroline De Haas ou Alice Coffin, ont publié une tribune de soutien : « Les femmes musulmanes ont autant leur place à la piscine » que les autres citoyens et « personne ne doit être stigmatisé·e jusque dans les bassins en raison de son choix de maillot ».
Le texte a été rédigé par la controversée association Alliance Citoyenne, accusée l’an dernier par le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin de faire « pression sur les pouvoirs publics pour promouvoir, au profit des musulmans, des règles compatibles avec la charia ». Plusieurs manifestations pour ou contre le burkini sont d’ores et déjà annoncées demain à Grenoble. Auvergne-rhône-alpes Laurent Wauquiez, a ouvert les hostilités en accusant le maire de Grenoble de « soumission à l’islamisme » et en menaçant de couper toute subvention à la ville si la mesure passe. Plusieurs dizaines d’élus locaux ou départementaux ont signé des appels à renoncer à un vote selon eux « imposé par des groupes minoritaires, dont le seul objectif est de tester en permanence la sensibilité de nos institutions au fait religieux ».