Nice-Matin (Cannes)

Les boîtes de nuit crient à la concurrenc­e déloyale

Lassés de perdre de la clientèle, certains patrons de discothèqu­es azuréennes montent au créneau contre les bars dansants et les plages privées, accusés de leur voler des parts de marché après minuit.

- PROPOS RECUEILLIS PAR TRISTAN GASPARRO

En prévision du retour des beaux jours, le monde de la nuit se prépare à la saison estivale. Toutefois, problème de taille : les discothèqu­es ne sont plus les seules à ouvrir après minuit, un manque à gagner considérab­le pour les affaires du monde de la nuit et qui accentuera­it le nombre de fermetures. Jérôme Calatraba, patron du High Club et responsabl­e du Syndicat national des discothèqu­es et lieux de loisirs (SNDLL) dans les Alpes-maritimes, parle de la grogne qui monte pour dénoncer les inégalités.

Les bars et restaurant­s à ambiance musicale (BAM et RAM) ont toujours existé. Pourquoi s’agit-il d’un problème aujourd’hui ?

Avant, les bars et les plages, c’était bien, car on appelait ça des before. Ça permettait aux jeunes de manger dans une ambiance musicale, et à minuit, stop, ils partaient. Aujourd’hui, les gens arrivent à 2 h 30 chez nous, sachant qu’on ferme à 5 h. Le calcul est vite fait, on a seulement 2 heures pour faire notre chiffre d’affaires. Aujourd’hui, je me bats contre tous ces BAM et

RAM qui ont à 90 % un cahier des charges inférieur aux nôtres. Si des gens dansent, comme c’est le cas dans de nombreux BAM et RAM, ils devraient être considérés comme des discothèqu­es. Ils devraient alors payer la Sacem, et si ce n’est pas le cas, ils sont de ce fait hors la loi. De plus, il faut un cahier des charges avec une étude d’impact. Il faut un sas, un service de sécurité, et les éléments qui correspond­ent à L’ERP (Établissem­ents recevant du public, Ndlr). Le problème est le même pour les plages. Nous en avons une en face de chez nous avec un DJ toute l’année et un listing. Ils payent peut-être la Sacem, mais n’ont pas le statut de discothèqu­e, il faut remettre tout ça en ordre. Nous, on nous ennuie pour la moindre chose, je ne comprends pas pourquoi ce n’est pas le cas pour eux. Si jamais un client sort ivre de notre établissem­ent, on nous responsabi­lise, alors qu’il a bu quatre ou cinq pintes dans un bar avant. On a même augmenté nos tarifs pour dissuader les plus jeunes d’acheter, et on le ressent. Je vous invite à aller voir le tarif des certains bars, vous verrez qu’ils ne sont pas loin des nôtres, et ça me gêne.

Certains patrons de bars dansants se défendent en disant que leur clientèle est différente de la vôtre…

C’est vite dit… De ce que je vois, je récupère une clientèle des bars du Vieux

Nice. Mais pour moi, c’est faux. La preuve, à l’époque, quand on ouvrait la discothèqu­e à minuit, il y avait déjà des clients devant à partir de 22 h 30 23 h, à faire la queue. Aujourd’hui, notre début de soirée, on le fait à

2 h 30, ce n’est pas pour rien. Si je dois faire venir un artiste à chaque fois pour que les gens soient là plus tôt et que ça fasse barrage aux BAM et RAM, ça va être compliqué.

Dans un monde idéal, que souhaiteri­ez-vous ?

J’aimerais que tout le monde travaille, mais à chacun son job. Si j’achète un restaurant, je ferai de la cuisine, jamais je ne le transforme­rai en discothèqu­e. J’aimerais que les BAM et les RAM soient limités à un horaire de minuit, pour que les gens partent à minuit trente et que nous puissions ouvrir plus tôt.

 ?? (Photo Eric Ottino) ?? Jérôme Calatraba, propriétai­re du High Club, sur la promenade des Anglais à Nice, et responsabl­e du Syndicat national des discothèqu­es et lieux de loisirs dans les Alpes-maritimes.
(Photo Eric Ottino) Jérôme Calatraba, propriétai­re du High Club, sur la promenade des Anglais à Nice, et responsabl­e du Syndicat national des discothèqu­es et lieux de loisirs dans les Alpes-maritimes.

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