« Nos anciens continuent à être masqués...»
Membre délégué du comité économique et social européen, l’antibois Jean-pierre Haber est l’auteur de « Bougez-vous ! », livre dans lequel il revient sur le droit à vieillir dans la dignité.
En 2019, Jean-pierre Haber rendait un rapport « sur la mutation économique, technologique et sociale des services avancés de santé à la personne âgée au Comité économique et social européen », dont il est membre délégué. Dans la foulée, cet Antibois dont la mère, décédée depuis, venait d’entrer dans un Ehpad, faute de pouvoir rester chez elle, lançait une pétition adressée au président de la République, intitulée « Accordons le droit de bien vivre à nos grands aînés » qui a recueilli près de 53 000 signatures. Il persiste avec son livre Bougez-vous ! (1).
Président réélu, nouveau gouvernement... Quelles priorités en faveur des seniors ?
Il n’y a pas eu de débat contradictoire sur ce sujet pendant la campagne présidentielle. Comme si une réforme allait de soi. Mais quelle réforme ? La réalité c’est que nos Anciens continuent à être masqués…
Doux euphémisme. Or, c’est une révolution notamment financière qu’il faut réaliser au vu de la situation actuelle et des prévisions démographiques.
Il n’y a toujours pas de loi Grand Age…
Le président et les partis politiques l’avaient promise. Ça n’a pas été fait. Les grands choix ne sont pas réalisés en temps voulu dans notre pays dont les ministères sont orientés par Bercy. Or, le temps presse ! L’urgence ? Dans les trois mois, une ordonnance sur l’organisation de la dépendance avec la programmation financière adéquate.
Plus concrètement ?
La loi d’orientation doit définir une mission de service public pour nos aînés en s’appuyant d’abord sur une représentation réaliste des réalités sociales et démographiques du vieillissement. Elle devra orienter la coordination indispensable avec les services médicaux, hospitaliers et sociaux et être associée à la politique du logement.
Faut-il passer au tout public ?
Public ou privé, mutualiste... ce n’est pas le problème. Il faut imposer une mission de service public pour assurer la dignité de nos aînés dans la continuité. Notre pays doit sans doute revenir à un concept de planification pour mieux orienter les investissements publics et privés et pour contrôler les abus. Pour faire face à la marchandisation parfois abusive, l’état et les collectivités publiques doivent surtout continuer à être des fournisseurs de services aux aînés à domicile ou dans les maisons de retraite et contribuer à solvabiliser une partie de la demande des ménages. La loi d’orientation doit permettre d’encadrer les prix dans les Ehpad. On ne peut pas faire n’importe quoi !
Vous insistez : il faut valoriser le service à la personne
La revalorisation de la condition sociale et financière de ceux qui apportent le service à la personne à domicile ou dans les Ehpad est une condition majeure pour le bien vivre de celles et ceux qui ont une valeur ajoutée réelle notamment nos soignants, nos aides-soignantes, nos infirmières et nos gériatres.
Quelle est cette « intelligence artificielle éthique maîtrisée » évoquée dans votre livre ?
Nous devons aussi stimuler les industriels pour qu’ils atteignent progressivement une maturité technologique leur permettant de présenter de nouveaux usages globaux basés sur un grand nombre d’objets connectés indispensables à la vie quotidienne des seniors. C’est grâce à une intelligence artificielle éthique et maîtrisée que les aînés, le personnel soignant et les aidants pourront être co créateurs et co gestionnaires d’un parcours de soins intelligent. 1. Éditions du Panthéon, www.editions-pantheon.fr
EN IMAGE
Coupe de France de beach-volley : tour régional au Fort Carré