Questions à
Le rêve d’un billet direct pour la C1 était menacé à la mi-temps mais les Monégasques ont tout renversé grâce à une foi sans faille en leurs capacités. Récit d’une soirée riche en émotions.
Conscient de la pression entourant cette avantdernière journée de championnat, Philippe Clement avait interdit à ses joueurs ou à son staff de regarder les résultats des concurrents directs de Monaco avant le coup de sifflet final. C’est donc la presse qui a appris à Youssouf Fofana que L’ASM s’était emparée de la deuxième place et les Monégasques n’ont compris qu’après le match qu’ils avaient failli perdre gros avant de faire le coup parfait en renversant le Stade Brestois (4-2). Menés 2 à 0 au bout de 25 minutes puis 2-1 à la pause, alors que Nice et Rennes étaient en train de s’imposer face à Lille et Marseille, les Rouge et Blanc étaient virtuellement cinquièmes, une place synonyme de qualification pour les barrages de la Ligue Europa Conference qui n’aurait consolé personne et surtout pas le propriétaire du club Dmitri Rybolovlev.
Or, si les coéquipiers d’aurélien Tchouameni étaient en train de perdre, l’issue de la rencontre ne faisait étrangement aucun doute. Ni dans l’esprit du public, qui n’a jamais cessé d’encourager son équipe, ni dans celui des joueurs. Dans les attitudes ou dans le jeu, les Monégasques ont toujours semblé sereins et très sûrs de leurs forces, même quand Nübel a sauvé face à Cardona une balle de 0-3 (29’). «Çaaété dur mais on a cru en nous, on a été solidaires et unis », analysait le capitaine Wissam Ben Yedder après la rencontre. Comme souvent, la mitemps a été importante.
Le Real Madrid comme exemple
Pour rectifier certaines consignes tactiques (voir ci-contre) mais aussi pour insuffler le petit supplément d’âme qu’il manquait. Comme il l’avait fait après le match contre Lille, que les Asémistes avaient remporté au forceps 2 à 1, le coach belge a invoqué la remontada du Real Madrid contre Manchester City début mai pour persuader ses joueurs qu’il fallait toujours y croire. «Ilnousa rappelé que dans le foot, tout était possible. Ça nous a beaucoup aidés », confiait Aurélien Tchouameni en zone mixte après la neuvième victoire consécutive des Monégasques en championnat. « On doit toujours croire qu’on peut marquer deux-trois buts comme le Real » ajoute Philippe Clement. C’est beaucoup plus facile d’en être convaincu quand on a dans son effectif un attaquant de la trempe de Wissam Ben Yedder. Devenu papa il y a quelques jours d’un petit Ayden, à qui il a rendu hommage, le deuxième meilleur buteur du championnat de France (à un but des 25 réalisations de Kylian Mbappé) ne dort plus beaucoup mais cela ne l’a pas empêché de claquer un triplé, son premier en Principauté. Le capitaine monégasque, très pudique, déteste attirer la lumière. Or ses coéquipiers ne se sont pas privés de le couvrir de louanges car ils savent tout ce qu’ils lui doivent cette saison, comme les précédentes d’ailleurs. Il reste que si les Asémistes avaient le sourire et le sentiment du devoir accompli, la soirée ne s’est pas terminée non plus dans l’euphorie. Assuré de jouer au moins la Ligue Europa la saison prochaine, le club du Rocher est conscient qu’il peut encore terminer hors du podium en cas de mauvais résultat à Lens, une équipe d’autant plus dangereuse qu’elle rêve encore d’europe. À Bollaert, l’enfer est promis aux Monégasques mais ces derniers reviennent de trop loin pour vraiment s’en inquiéter.
Cette deuxième place semblait encore inespérée il y a quelques semaines.
Tout a changé. C’est la beauté du football. Il y a quelques semaines de ça, si on nous avait dit qu’on allait être deuxièmes à une journée de la fin, personne n’y aurait cru. Aujourd’hui, on est dans cette position. À nous de tout faire pour la garder parce que rien n’est encore fait.
Que s’est-il passé à la mi-temps ? Il a fallu se dire les choses ?
Oui, mais je ne sais pas si vous avez vu nos attitudes en première période. Même après le 2-0, on est restés très calmes. On a vu pas mal de remontadas ces derniers temps. On savait que tout était possible. On a eu des occasions et on savait qu’on allait inverser la tendance car on est dans une bonne dynamique.
Qu’avez-vous dû réajuster ?
Les occasions qu’on a eues, on les a mises au fond. Ce réalisme nous avait manqué en première période. Défensivement, on s’est montré plus solide. Avec Youssouf (Fofana), on était parfois un peu trop haut parce qu’on avait cette envie d’accompagner l’équipe pour marquer. On a été mis en difficulté sur les contre-attaques parce que notre défense était livrée à elle-même. En deuxième mi-temps, on a réglé ça.
La saison dernière, vous accrochiez la troisième place sur la pelouse de Lens que vous affrontez samedi.
C’est un drôle de hasard du calendrier. C’est vrai que ça nous avait réussi. On n’avait pas gagné mais le résultat nous avait été favorable. J’espère que cette fois on fêtera une qualification directe pour la Ligue des Champions et pas pour les tours préliminaires.
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