Nice-Matin (Cannes)

Sept premiers ministres qui ont marqué la Ve République

Alors qu’emmanuel Macron vient de nommer sa nouvelle cheffe du gouverneme­nt, gros plan sur sept de ses prédécesse­urs qui sont restés dans les mémoires… en bien ou en mal.

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U n« fusible » ,un « collaborat­eur », voire un « Président bis » : les vocables abondent pour désigner les chefs de gouverneme­nt. Depuis Michel Debré en 1959, vingt-quatre premiers ministres se sont succédé à Matignon. Nous en avons sélectionn­é sept qui, chacun à leur manière, ont marqué l’histoire. Pour le meilleur ou pour le pire.

1 Georges Pompidou (1962-1968)

Avant de devenir le deuxième Président de la Ve République, Georges Pompidou a été le second Premier ministre de Charles de Gaulle. Il est celui qui est resté en poste le plus longtemps (6 ans, 2 mois et 26 jours) et le seul, à ce jour, à avoir été reconduit après la réélection du chef de l’état en 1965. Aux manettes pendant la crise de mai 1968, il a tenu la boutique, pendant que le général s’assurait du soutien de l’armée à Baden-baden.

On lui doit notamment les accords de Grenelle et le fait que les manifestat­ions n’aient pas dégénéré. « Remercié » en juillet 1968, il prend sa revanche moins d’un an plus tard, le 20 juin 1969, en s’installant à l’élysée.

2 Jacques Chabandelm­as (1969-1972)

Le premier Premier ministre du Président Pompidou, ancien résistant, donne un coup de jeune à la société française. Il oeuvre notamment pour libéralise­r l’audiovisue­l public, alors à la botte du gouverneme­nt. Mais son aisance, devant les micros et les caméras, fait de l’ombre au chef de l’état. La révélation par Le Canard enchaîné, en janvier 1972, de son imposition quasi nulle en dépit de revenus élevés fait scandale. Il est prié de démissionn­er en juillet.

Comme Pompidou, il veut prendre sa revanche à la présidenti­elle de 1974. Mais, lâché par les gaullistes, sa popularité s’effondre. La journalist­e Françoise Giroud invente pour lui une formule cruelle qui fait florès : « On ne tire pas sur une ambulance ».

3 Pierre Mauroy (1981-1984)

Le nom de l’ancien maire de Lille, père de Martine Aubry, reste attaché à une période d’espoir pour le « peuple de gauche ». Une époque qui s’achève hélas par une désillusio­n. Premier chef de gouverneme­nt de François Mitterrand, il met en oeuvre les principale­s mesures emblématiq­ues du septennat (semaine de 39 heures, cinquième semaine de congés payés, abolition de la peine de mort…), mais ne peut éviter le tournant de la rigueur en 1983.

4 Jacques Chirac (1986-1988)

Le maire de Paris a été nommé deux fois Premier ministre : sous Giscard de 1974 à 1976, puis sous Mitterrand pour la première période de cohabitati­on. L’expérience s’avère funeste pour Jacques

Chirac, qui finit essoré et largement battu à la présidenti­elle de 1988. Il prend sa revanche en 1995, enfin propulsé à l’élysée, puis subit l’humiliatio­n d’une cohabitati­on « à l’envers » au cours de laquelle il doit composer avec un Premier ministre socialiste.

5 Édith Cresson (1991-1992)

Dix mois et 18 jours. La première Première ministre détient encore, à ce jour, le record du bail le plus court à Matignon – juste derrière Bernard Cazeneuve, véritable étoile filante en fonction durant cinq mois et neuf jours. La mémoire collective, mauvaise copine, retient surtout ses bourdes et ses déclaratio­ns à l’emporte-pièce : « La Bourse, j’en ai rien à cirer » ;

« Les Japonais qui travaillen­t comme des fourmis » ; « Les Anglais tous homosexuel­s »…

6 Édouard Balladur (1993-1995)

Il fut, assurément, l’un des chefs de gouverneme­nt les plus populaires de la Ve République. Second Premier ministre « de cohabitati­on » de François Mitterrand, il semble assuré de lui succéder à la fin de son mandat. Certains observateu­rs s’interrogen­t : la présidenti­elle sera-t-elle pliée dès le premier tour ? C’est compter sans Jacques Chirac. L’indéboulon­nable Corrézien s’offre une remontada d’anthologie début 1995 et devient Président le 7 mai, renvoyant son « frère ennemi » dans le bêtisier de l’histoire.

7 Lionel Jospin (1997-2002)

Les médias l’avaient surnommé le « Président bis ». Nommé à Matignon au lendemain de la dissolutio­n ratée de l’assemblée nationale par Jacques Chirac, l’ancien patron du PS gouverne la France pendant cinq ans.

Donné favori pour la présidenti­elle de 2002, il pâtit d’une campagne maladroite et de la dispersion des voix dans son propre camp. Le 21 avril 2002, Jean-marie Le Pen lui grille la politesse du second tour. Face au frontiste, Jacques Chirac est réélu dans un fauteuil. Jospin rejoint Mendès-france, Rocard et Delors au Panthéon des personnali­tés de gauche sacrifiées.

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