Philippe Vardon se met en mode Reconquête ! à Nice
Le patron des frontistes niçois, privé de l’investiture RN dans la 3e circonscription, est soutenu par le parti d’éric Zemmour. Il fustige les « instances parisiennes » du Rassemblement national.
ÀNice, la guerre des extrêmes droites aura bien lieu. Philippe Vardon, patron des élus frontistes niçois, en délicatesse avec son parti depuis plusieurs semaines, a reçu hier matin le soutien de Reconquête !
Il fera campagne dans la 3e circonscription, en tandem avec Hermine Falicon, initialement investie par le parti d’éric Zemmour, reléguée au rôle de suppléante.
Cette décision était attendue depuis que le Rassemblement national a refusé l’investiture à l’ancien directeur de campagne de Jordan Bardella – préférant adouber Benoît Kandel, ex-coordinateur départemental de… Reconquête ! Elle l’était plus encore depuis qu’éric Zemmour, en campagne vendredi à Cogolin (Var), s’était dit prêt à l’accueillir « à bras ouverts » (1). Pour autant, l’annonce a fait l’effet d’un coup de tonnerre.
Un « élu engagé et enraciné »
« Philippe Vardon, élu engagé et enraciné, est la seule personnalité d’envergure du RN à avoir défendu publiquement la stratégie d’union nationale, y compris face aux instances de son parti, décrypte Patrick Isnard, coordinateur régional de Reconquête ! C’est donc de manière assez logique, en toute cohérence, que nous avons décidé de soutenir sa candidature. » L’intéressé, dans un mail qui a suscité une polémique acerbe avec ses anciens « amis » (lire encadré), s’est présenté lui-même, une fois encore, comme « le candidat naturel et légitime du RN ».
« Dans cette circonscription, je suis le seul à avoir fait campagne pour Marine Le Pen, martèle l’édile niçois. Benoît Kandel n’a même pas été capable d’appeler à voter pour elle avant le second tour ! » Vardon précise, cependant, qu’il n’a pas adhéré au parti du « Z » : « Ce n’est pas la question du moment. Reconquête ! m’a apporté son soutien, dans la perspective d’une union que je défends depuis le début. »
« C’est un énorme gâchis politique »
L’ancien identitaire ne cache pas son amertume. « Les instances parisiennes du RN, et leur extension locale, donnent une image lamentable de la politique. Je suis entré au RN par souci d’efficacité, pour défendre ce que je pensais juste. Et parce que Marine Le Pen voulait donner toute sa place à l’implantation locale des élus. Alors oui, c’est décevant sur le plan humain. Mme Le Pen n’a même pas jugé utile de me passer un coup de fil. Je suis aussi déçu par Jordan Bardella. C’est un énorme gâchis politique. »
En tant que conseiller régional, continuera-t-il à siéger au sein du groupe RN à Marseille ? « J’ai dirigé la campagne de Thierry Mariani et nous avons été élus ensemble, soupire-t-il. Je sais qu’à ses yeux, je suis le seul candidat légitime [pour l’élection à venir]. Mais il sera peutêtre amené à tenir un autre discours lorsqu’il s’exprimera. »
Un miroir des tensions
Cette circonscription 100 % niçoise devient, de façon presque
(2) caricaturale, un miroir des tensions qui électrisent le microcosme politique local.
Un « historique » RN soutenu par
Reconquête ! (Vardon) va ferrailler contre un candidat RN qui est luimême un ancien cadre du parti de Zemmour (Kandel). Ce dernier, ex-premier adjoint (LR) de Christian Estrosi, sera également opposé à un autre ancien bras droit du maire de Nice (Philippe Pradal) qui a « chipé » l’investiture présidentielle au député sortant LREM Cédric Roussel. Qui a disparu depuis deux semaines, sans indiquer s’il se présentait ou non. Se jettera-t-il aussi dans la mêlée ? Ce serait pour le moins cocasse…