Nice-Matin (Cannes)

De la mer à la terre, elles ont trouvé leur « raisin de vivre »

Après des années à travailler sur des bateaux, les Cannoises Laetitia et Céline ont ouvert un bar à vin nomade, un wine truck, qui sillonne la région en faisant découvrir une sélection de vin bio.

- MAXIME ROVELLO mrovello@nicematin.fr Wine Truck « Le Raisin de vivre ». Infos et contact : www.raisin-de-vivre.fr

Intégrer un équipage, sillonner le monde sur les flots, découvrir sans cesse de nouveaux paysages au gré du vent et du cap, les cheveux dans la brise et les poumons remplis d’air marin… Même quand l’énumératio­n (un brin enjolivée, on vous l’accorde) laisse rêveuse, on ne reste jamais sourd aux chants des sirènes qui murmurent à votre esprit l’idée des lendemains nouveaux.

Il y a quelques années de cela, Laetitia Drago a mené une première vie sur mer pendant une décénie en remplissan­t diverses fonctions sur des yachts. La dernière d’entre elles, celle de bosco. Une fonction que l’on situe entre celle de capitaine et de marin et qui consiste principale­ment en « la maintenanc­e dans l’excellence. Quand on s’occupe d’un yacht de 55 mètres, on ne peut pas faire dans l’à-peu-près », sourit-elle, Une vie de voyage et de découverte, c’est ce que cherchait cette épicurienn­e.

« Quand on navigue sur des bateaux comme ça, on voyage deux fois. Pour la destinatio­n et pour l’équipage, composée de beaucoup d’étrangers. C’est très enrichissa­nt. C’est le seul aspect de ma vie d’avant qui me manque aujourd’hui », reconnaît cette Cannoise.

Un chemin fait de voyages et de rencontres qui lui fera croiser la route de Céline Brochard lors d’une formation. La naissance d’un avenir en commun que même les océans ne parviendro­nt pas à balayer.

« L’envie de changer de vie, l’indépendan­ce et la stabilité est venue quand on s’est rencontré » ,serappelle Céline. D’un parcours similaire à celui de Laetitia, Céline a parcouru les mers en qualité de cheffe de cuisine sur des grands voiliers, formée par Pascal Paulze, meilleur ouvrier de France en 2015. « Une superbe vie pendant plus de 10 ans. Le plaisir de cuisiner allié à de beaux budgets. Le salaire était important mais l’exigence aussi. C’est dur à supporter. »

Pas d’étiquette mais des vins d’auteur

Puis vint un voyage commun aux États-unis où les deux jeunes femmes découvrent l’omniprésen­ce des food truck. « Je suis une autodidact­e et l’envie de faire autre chose était là, se remémore Céline. J’avais appris les bases de la sommelleri­e dans un restaurant étoilé, en Allemagne, et ça m’a toujours plu. Le premier sentiment qui m’est venu, c’était de l’excitation. »

« On aurait opté pour un food truck mais on voulait quelque chose de différent, que personne ne fait. Avec les compétence­s de Céline, l’idée du wine truck est venue », ajoute Laetitia. Viennent alors les premières démarches pour passer du rêve à la réalité. Céline s’est lancée dans l’approfondi­ssement des connaissan­ces en sommelleri­e et oenologie tandis que Laetitia a commencé à mettre le pied à terre avec un emploi de commercial­e dans les « water toys » (comprendre des équipement­s nautiques de loisir), avant de rejoindre pleinement l’aventure du wine truck.

Le fameux camion fera l’objet d’une vaste recherche à travers la France et Internet.

Face au prix conséquent des véhicules aménagés, les deux femmes ont opté pour une remorque stylisée au look rétro.

En 2020, la cave nomade « Le Raisin de Vivre » était prête à sillonner la région pour prendre part aux événements, privés ou profession­nels, avec des vins et des produits du terroir à son bord. « Ce qui est important pour nous, c’est de faire découvrir le vin mais aussi l’artisan qu’il y a derrière. On veut être le trait d’union entre les vignerons et les gens. Nous proposons une sélection rigoureuse de vins locaux et étrangers issus de vignerons qui travaillen­t le plus sainement possible, avec très peu d’intrants. La plupart des vins sont labellisés Démeter ou biodyvin, des labels bio très poussés. Ce n’est pas de l’étiquette, ils ne viennent pas de gros domaines, ce sont des vins d’auteur. C’est presque de l’orfèvrerie », expliquent les deux femmes. Bien évidemment, la crise sanitaire est venue jouer les troublefêt­es.

L’année 2022 s’annonce donc comme une année charnière pour l’activité. Mais si le vin se bonifie avec le temps, il n’y a pas de soucis à se faire pour le wine truck… « Nous avons une vie différente aujourd’hui, avec la liberté de faire. On ne sait pas où on sera dans cinq ans mais une chose est sûre : on ne reviendra pas en arrière », concluent-elles.

Être le trait d’union entre les vignerons et les gens”

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