Nice-Matin (Cannes)

RALLYE ANTIBES-CÔTE D’AZUR (20-22 MAI) « Hâte de tutoyer la limite »

Cyril Raymond a tourné la page du rallycross pour entamer un nouveau chapitre. Le Varois, leader précoce du Trophée Alpine, entend accélérer son apprentiss­age sur les routes azuréennes.

- PROPOS RECUEILLIS PAR GIL LÉON

Après le karting, la monoplace et le rallycross, le voilà engagé sur un autre chemin. À mille lieues des circuits mi-asphalte mi-terre où il a collection­né victoires et titres, Cyril Raymond prolonge sa trajectoir­e de touche-à-tout sur les routes du championna­t de France des rallyes. Un retour aux sources, quelque part, pour lui, le fils d’un rallyman - Serge Raymond - qui cravachait jadis avec succès des Citroën, Visa 1000 Pistes, Saxo T4... Tombé sous le charme de l’alpine A110 RGT lors du Sainte-baume Rallycircu­it 2021, le Raphaëlois de 29 ans, aujourd’hui directeur adjoint de la piste de kart du Paul Ricard, a choisi la formule de promotion de la fameuse firme française revenue sur le devant de la scène pour négocier ce virage. Bonne pioche ! Le mois dernier, au Rhône-charbonniè­res, il a atomisé la concurrenc­e d’entrée. C’est donc un leader du Trophée Alpine impatient de découvrir le champ d’action du Rallye Antibes-côte d’azur que l’on vient de rencontrer à la veille des reconnaiss­ances.

Cyril, quel était votre objectif au départ de la manche d’ouverture ? Vous visiez la gagne d’entrée ?

Moi, je suis un performeur dans l’âme. Donc je voulais obtenir le meilleur résultat. Vaincre si possible, oui. Mais comment aurais-je pu imaginer un tel scénario, de tels écarts ? Je n’avais aucune idée du niveau de la concurrenc­e. Je savais juste que la plupart de mes sept rivaux directs du weekend possédaien­t plus d’expérience que moi.

Il s’agissait de votre huitième rallye. L’avez-vous préparé de la même manière que les précédents ?

Non, parce que j’entamais là mon premier programme complet. Ce n’était pas une récréation. Il fallait vraiment peaufiner chaque détail. J’ai planché sur mon système de notes. De quoi le perfection­ner pour me sentir encore plus à l’aise. Dans ce domaine, on a fait un bond en avant. Mais il reste du pain sur la planche.

Justement, c’est le voisin fayençois Valentin Salmon qui vous épaule désormais dans le baquet de droite. Pourquoi lui ?

D’abord parce que nous sommes amis depuis quelques années.

Une relation de confiance s’est établie. Et puis son profil me convenait tout à fait. Valentin a copiloté des gens chevronnés (Jeanbaptis­te Franceschi, Quentin Gilbert, Quentin Giordano, Emmanuel Guigou, Bruno Riberi, entre autres, ndlr).

Il présente bien, il s’exprime bien. C’est un gars méticuleux.

Enfin, même s’il vient de monter son entreprise de terrasseme­nt, le challenge le motivait. Il avait envie de m’accompagne­r dans cet apprentiss­age.

Jusque-là, vous n’aviez chassé le chrono qu’à domicile, dans les massifs des Maures et de la Sainte-baume. Le terrain du « Charbo », c’est un autre monde ?

C’est différent... et assez impression­nant. Plusieurs fois, j’ai atteint le rupteur, à fond, en sixième, à plus de 200 km/h. Ces routes, je ne les imaginais pas aussi roulantes. Mais elles sont magnifique­s. Le paysage aussi. Des grandes vallées, des champs, des forêts... Ilyaduryth­me.ona rencontré la pluie dans une seule épreuve spéciale, où je me suis senti à l’aise sur les plaques noires glissantes. Quand l’adhérence diminue, on retrouve les sensations du rallycross. Bref, ce fut une belle découverte. J’ai adoré.

En passant du rallycross au rallye, vous avez modifié votre style de pilotage un peu, beaucoup ou pas du tout ?

On passe du mode 4x4 au mode 2 roues motrices. Rien de plus. Sur les circuits du World RX, j’avais l’habitude d’engager la voiture au frein à main.

Là, mieux vaut y aller mollo avec la poignée. Parce que l’alpine pardonne peu. Si vous en faites trop, l’arrière pivote direct. Vous risquez de partir en tête-à-queue ou de caler le moteur. Donc je me suis calmé.

Avoir des ouvreurs, ça facilite la vie ?

Ah carrément ! Ce travail de l’ombre nous permet d’aborder chaque spéciale avec le plein de confiance. De modifier ou de confirmer chaque note. Ouvreur, c’est une sacrée mission. Il faut se lever tôt et avaler beaucoup de kilomètres en étant très attentif. Notre jeune équipage composé de

Louis Constant, qui vit près de Nice, et Mathieu Coppa, s’est parfaiteme­nt acquitté de sa tâche.

Comment avez-vous géré votre rythme ?

Franchemen­t, j’ai été surpris de prendre le large de la sorte. J’avais déjà 47 secondes d’avance au terme de la première étape. Le feeling était tellement bon que j’ai continué à augmenter la cadence le samedi. En restant propre, appliqué, je me sentais de plus en plus rapide. Et en fin de parcours, je suis parvenu à signer des chronos proches des références Cédric Robert du scratch et des 2 roues motrices) et Julien Saunier

Tout ça sans aucune prise de risque ?

Si, une ou deux, quand même... Dans l’avantderni­ère spéciale, j’ai frôlé la correction­nelle.

C’était un changement de direction à gauche, une intersecti­on où le revêtement était assez sale, tapissé de gravillons. Valentin me prévient pourtant du danger deux fois... mais je ne réagis qu’à la seconde alerte.

Trop tard ! On touche une souche d’arbre à l’arrière, sans gros dégât ni crevaison, heureuseme­nt. Un avertissem­ent sans frais. J’ai retenu la leçon !

Quels furent les premiers mots de votre père à l’arrivée ?

Il avait les larmes aux yeux. Il était très heureux, très ému. Et il m’a dit : ‘‘On a fait le bon choix.’’

D’accord avec lui ?

Bien sûr. Je ne regrette pas un instant d’avoir négocié ce virage. Au contraire... C’est un nouvel élan. Le rallye m’attire depuis toujours. Aujourd’hui, je sens que j’ai le potentiel requis pour bien faire.

Et j’ai hâte de tutoyer la limite, de savoir jusqu’où je peux progresser.

Mon premier objectif, en 2022, c’est de remporter le Trophée. On verra si j’arrive à réussir quelques coups d’éclat au général ici ou là...

Pour taquiner les références Robert et Saunier, il vous manque quoi ?

Des notes plus précises. De quoi mieux négocier les enchaîneme­nts rapides, être plus efficace. Je sens que le pilote et la voiture sont capables d’aller plus vite. Il faut juste que j’optimise mon système en donnant plus d’informatio­ns à Valentin pendant les reconnaiss­ances. Cela dit, eux, ils peuvent utiliser de l’essence racing alors que les concurrent­s du Trophée comme nous roulent au sans-plomb 98.

Au « Charbo », en outre, ils disposaien­t de la nouvelle gamme de pneus Michelin et des amortisseu­rs de dernière génération.

Le col de Turini, vous connaissez ?

Pas du tout. Je n’y ai jamais mis les pieds ! On m’en a beaucoup parlé, évidemment. J’ai vu des vidéos, des images du Monte-carlo. C’est tout.

Et les autres routes du Rallye d’antibes ?

La première étape ne sera pas un plongeon dans l’inconnu. Je suis déjà allé du côté de Gréolières. Le col de Bleine et ses alentours, je vois à quoi ça ressemble.

Dans quel état d’esprit abordez-vous cette étape à domicile, ou presque ?

Je suis assez confiant. Il faudra faire attention. Il y a des falaises, des précipices.

C’est plus étroit, plus serré qu’au « Charbo ». Partout, à l’exception de la courte mise en jambes qui ressemble à une autoroute taillée sur mesure pour l’alpine (ES 1 et 4, Gréolières, 4,73 km).

Là, j’aimerais bien claquer un chrono. Ensuite, mon but, c’est d’imposer un rythme et de le tenir deux jours durant en préservant les pneus et les freins au maximum.

Pour conclure, pensezvous qu’une Alpine peut battre les 4 roues motrices et triompher à Antibes comme l’an dernier ?

Pourquoi pas ? Ça me semble possible, même si la moitié du parcours est différente, et même si le vainqueur 2021 (Nicolas Ciamin) ne pilote plus une Alpine. Robert a le matériel et les moyens pour finir haut. Tout en haut, peutêtre. Quant à moi, je serais déjà très content de finir dans le top 5 ou 6...

Vendredi : épreuve spéciale d’essai (Saint Martin du Var-la Roquette sur Var) à 9 h. Samedi : 1re étape (ES 1 à 7) de 8 h à 19 h. Dimanche : 2e étape (ES 8 à 15) de 6 h 20 à 16 h 30.

Parcours et horaires détaillés sur antibesral­lye.com

‘‘ Je n’ai jamais mis les pieds au Turini ! ”

 ?? (Photos DPPI) ?? Au Rallye Rhône-charbonniè­res, Cyril Raymond a d’entrée pris le large dans le Trophée Alpine en reléguant son meilleur rival à près de deux minutes et demie. Un gouffre !
(Photos DPPI) Au Rallye Rhône-charbonniè­res, Cyril Raymond a d’entrée pris le large dans le Trophée Alpine en reléguant son meilleur rival à près de deux minutes et demie. Un gouffre !
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