Burkini dans les piscines : la pression ne retombe pas
À Grenoble, l’opposition a déposé un recours. Gérald Darmanin a lui condamné une « inacceptable provocation communautaire ».
Àpeine adopté, le controversé nouveau règlement intérieur des piscines municipales de Grenoble, qui autorise désormais le burkini, fait l’objet d’un recours en justice déposé hier par l’opposition au conseil municipal. Le recours a été déposé en urgence auprès du tribunal administratif de Grenoble afin d’obtenir la suspension de la délibération adoptée la veille au soir par le conseil municipal, a indiqué l’ancien maire de droite et chef de file de l’opposition, Alain Carignon.
Piolle « pas légitime pour prendre une telle décision »
Adopté à une courte majorité sous l’impulsion du maire écologiste Eric Piolle, le nouveau règlement intérieur des piscines prévoit que la longueur des maillots ne sera plus limitée, ce qui se traduira de fait par l’autorisation du burkini mais aussi de la baignade seins nus pour les femmes et du maillot anti-uv pour tous. Cette disposition est très controversée, y compris au sein de la majorité municipale, dont une partie a voté contre le texte. Elle a valu ces dernières semaines une pluie de critiques à Eric Piolle, qui estime de son côté que le burkini est un « nonsujet » et n’a pas lieu d’être interdit dans les piscines. « Nous appelons la justice à se prononcer sur le fond du dossier », a expliqué pour sa part Alain Carignon, qui à l’issue du vote a dénoncé un « jour sombre pour Grenoble ».
Le nouveau règlement « remet en cause le vivre-ensemble, il fait reculer la cause des femmes et il est une ouverture à l’islamisme politique que nous récusons », a-t-il souligné, estimant qu’eric Piolle « n’était pas légitime pour prendre une telle décision parce qu’il est minoritaire dans son conseil municipal et probablement dans la ville ».
Darmanin voit rouge
Le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin a de son côté indiqué hier avoir « donné instruction au préfet de déférer en déféré laïcité la délibération permettant le port du burkini et, le cas échéant, d’en demander le retrait ». « M. Piolle, soutien de M. Mélenchon, joue l’inacceptable provocation communautaire, contraire à nos valeurs », a tweeté le ministre. Le préfet de l’isère avait déjà fait savoir dimanche soir, avant la délibération du conseil municipal, qu’il saisirait le tribunal administratif de Grenoble pour bloquer la mesure, sur instruction de Gérald Darmanin.