Nice-Matin (Cannes)

A Nice, un centre de prévention et réduction des risques

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Dire que la drogue c’est mal est une lapalissad­e. Les consommate­urs savent qu’ils prennent des risques, comme les fumeurs ont conscience que le tabac tue. Toutefois, ils manquent d’informatio­ns. Lorsqu’ils commencent, d’une part ils connaissen­t mal les molécules qu’ils absorbent, d’autre part ils n’ont pas conscience du danger de l’addiction.

Réduire les risques

Le Caarud Lou Passagin (Centre d’accueil et d’accompagne­ment à la Réduction des risques pour Usagers de Drogues) à Nice consacre les jeudis soirs (17h 19h) à l’accueil des chemsexeur­s.

« Notre objectif est de les accompagne­r de manière inconditio­nnelle, souligne Nicolas Camerlo, infirmier en charge de la permanence. Nous faisons le point avec eux sur leur consommati­on et nous les informons. Ils ne viennent pas pour entendre un discours moralisate­ur. Notre message ce n’est pas “arrêtez tout, tout de suite”, ce ne serait pas audible. En revanche, nous nous efforçons de les informer dans une optique de réduction des risques. Nous leur parlons donc des dangers liés aux surdoses, en particulie­r de la manière de réagir face à une personne qui fait un G-hole (trou noir, perte de mémoire, de connaissan­ce suite à une overdose de GHB/GBL, Ndlr). Il est important qu’elle soit prise en charge or souvent ils hésitent à appeler les secours .»

Accélérati­on depuis le confinemen­t

« Dans le même ordre d’idée, ils peuvent venir au Caarud pour récupérer du matériel stérile pour injection, poursuit-il ; cela évite qu’ils réutilisen­t des seringues potentiell­ement contaminée­s par le VIH ou l’hépatite. Idem, nous leur parlons de la manière de s’injecter, car si c’est mal fait, cela peut déboucher sur un abcès. Là encore, nous leur expliquons comment réagir s’ils sont confrontés à cette situation. »

Nicolas Camerlo a clairement constaté une accélérati­on des mauvaises pratiques pendant le confinemen­t. « Ça a été une période d’isolement, certains ont commencé à consommer des chemsex seuls chez eux jusqu’à ne plus pouvoir s’arrêter. Le fait que beaucoup de produits soient faciles d’accès (une commande sur internet et c’est livré chez vous) pose de gros problèmes. On a remarqué aussi que le slam (le fait d’injecter les produits) est plus pratiqué maintenant qu’auparavant.

Travailler avec les urgences

« Pour l’entourage, certains signes doivent alerter : si la personne s’isole, que son comporteme­nt change, qu’elle a des sautes d’humeur... Ce sont autant de répercussi­ons sur le quotidien qui devraient inciter à engager la discussion. Beaucoup de chemsexeur­s sont des gens insérés socialemen­t, qui mènent une vie normale, régulièrem­ent, ce sont les pairs qui s’inquiètent, qui trouvent que l’un d’eux dérape. C’est la raison pour laquel le Caarud mène beaucoup d’actions de prévention, en particulie­r dans les lieux festifs, nous avons réalisé des brochures, des flyers, nous avons même un profil sur les applis de rencontre. Cela permet aux consommate­urs de nous identifier et de savoir qu’ils peuvent nous contacter si besoin. Parmi nos projets, nous aimerions travailler avec les équipes des urgences hospitaliè­res et les secours, ne serait-ce que sur la sémantique, afin qu’ils sachent quelles drogues circulent en ce moment et quels sont leurs effets potentiels. »

Savoir +

◗ Plus d’infos, Caarud Lou Passagin, 12 rue Emmanuel-philibert à Nice.

◗ Tél. 04.93.80.28.18.

◗ Numéro équipe mobile : 06.78.03.26.30.

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(Photo Ax. T.) L’infirmier Nicolas Camerlo se consacre chaque jeudi soir à l’accueil des chemsexeur­s.

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