Nice-Matin (Cannes)

« J’ai basculé en quelques mois »

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Hippolyte (1), 24 ans, remonte la pente. Il a plongé aussi rapidement que brutalemen­t dans les chemsex. Quelques mois à peine ont suffi à le rendre complèteme­nt accro.

Tout a commencé à la faveur d’une

rencontre via une applicatio­n. « Lorsque je l’ai rejoint, le mec n’était pas seul. Il y avait une poudre blanche sur une table. Je ne savais pas exactement ce que c’était, il me l’a présenté comme “un truc qui décuplait les sensations”. Je n’ai pas dit non, j’en ai sniffé. J’ai aimé. »

Dans les semaines qui suivent, Hippolyte poursuit sa vie normalemen­t sans regoûter aux molécules chimiques. « Jusqu’au soir où j’ai rencontré la première personne qui m’a fait ma première injection, c’était à Nice. Le côté seringue était un peu impression­nant mais là encore, je n’ai pas dit non. Et là encore j’ai aimé les effets que ça m’a procurés. »

« Il fallait que je soigne mon addicition »

Il avait mis le doigt dans l’engrenage. « J’ai reconsommé plusieurs fois par la suite, toujours dans le cadre de relations sexuelles. Au début, je maîtrisais, je pouvais encore faire des plans sans produits. Mais progressiv­ement et sans m’en rendre compte, j’ai glissé, je consommais de plus en plus. Jusqu’à apprendre à m’injecter tout seul et à le faire chez moi. Je ne pouvais plus m’en passer. Malheureus­ement, comme pour toute drogue, on ne prend conscience qu’on a un problème que quand il est trop tard. »

Il n’aura fallu que quelques mois au jeune homme pour devenir accro

aux chemsex. « À un moment, j’ai totalement dérapé. Je me suis dit “foutu pour foutu, j’y vais à fond”. Je me suis mis en danger. Alors que j’étais sous PREP (le traitement préventif contre le VIH, Ndlr), je l’ai arrêtée tout en continuant à avoir des relations sexuelles avec plusieurs partenaire­s sans préservati­f. Physiqueme­nt et psychologi­quement, je déclinais à vue d’oeil. J’ai finalement eu un déclic quand je me suis retrouvé hospitalis­é pour une IST (Infection sexuelleme­nt transmissi­ble, Ndlr). J’en ai été vite guéri. En revanche, je savais qu’il fallait que je soigne aussi mon addiction. »

Hippolyte a donc décidé de quitter la Baie des Anges pour s’éloigner de ses démons. Il est retourné dans sa

région d’origine. « Là où je suis désormais, ma famille et ma meilleure amie m’entourent et m’accompagne­nt. Je remonte doucement la pente. Je suis suivi par un addictolog­ue et un psy. Pour le moment, je ne me sens pas encore capable de retravaill­er, j’ai d’abord besoin de me reconstrui­re. Je reprends tout à zéro, comme un logiciel qu’on réinitiali­se. Depuis 3-4 mois, je n’ai plus rien consommé. Il ne fait pas se leurrer, c’est difficile mais il faut que j’en passe par là pour m’en sortir. »

Le jeune homme tient à adresser un

message : « Vous pouvez vous en sortir, ce n’est pas insurmonta­ble. La seule chose dont vous avez besoin, c’est de la force et du soutien. Il faut en parler, ne pas le garder pour soi, et se faire accompagne­r ». 1. Le prénom a été modifié.

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(Photo d’illustrati­on Pexels)

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