Nice-Matin (Cannes)

L’interdicti­on du burkini fait des vagues à Fréjus

Le maire David Rachline a interdit le port de ce vêtement sur les plages et dans les piscines.

- ALEXANDRA MARILL amarill@nicematin.fr

Sur la plage de la base nature, hier aprèsmidi, il est fréquent de croiser des jeunes femmes en bikini échancré, des groupes de volleyeurs en short de bain mais aucune femme en burkini à l’horizon. « J’en ai déjà vu à Fréjus, mais c’est assez rare ! », assure Céline, assise sur sa serviette, les pieds dans le sable.

Cette absence pourrait être la conséquenc­e de la décision du maire, David Rachline, de bannir le port du burkini sur les plages communales et dans les piscines municipale­s. L’édile a annoncé sur Twitter jeudi qu’il « interdit explicitem­ent » ce vêtement de bain dans sa commune.

« Je ne peux comprendre de telles dérives »

Cet arrêté a été publié trois jours après le feu vert du conseil municipal de Grenoble au port du burkini dans ses bassins communaux, une mesure assumée par Éric Piolle, maire de la ville. « J’ai pris connaissan­ce avec stupeur de l’autorisati­on donnée par le maire de Grenoble d’autoriser le burkini dans les piscines de sa commune, a déclaré David Rachline, également vice-président du Rassemblem­ent national, dans un communiqué. S’il n’est pas dans mes habitudes de commenter des décisions prises par d’autres maires, je ne peux ni comprendre ni partager de telles dérives qui vont à l’encontre de notre principe républicai­n fondamenta­l de laïcité ». Dans l’ensemble, les riverains interrogés partagent le même constat que Céline, 40 ans, habitant à Port Fréjus. « L’interdicti­on du burkini est purement politique. Tant qu’elle n’est pas justifiée par des problèmes sanitaires ou de sécurité, je ne vois aucune raison de faire la chasse à ce vêtement. Les femmes qui le portent ne font de mal à personne ».

« Il serait malvenu de les sanctionne­r pour si peu »

La potentiell­e verbalisat­ion des contrevena­ntes – dont certaines s’étaient acquittées d’une amende de 38 euros en 2016 – est jugée « excessive » par Kate et Françoise, deux Lorguaises habituées des plages de la cité romaine. « Même si nous avons du mal à comprendre les raisons qui poussent ces femmes à porter ces tenues, il serait malvenu de les sanctionne­r pour si peu. Le pouvoir d’achat des Français a baissé depuis la crise sanitaire, avec l’inflation aujourd’hui personne n’a les moyens de payer pour un choix vestimenta­ire ».

Une mesure qui « promet de diviser la population »

« Les forces de l’ordre couraient déjà derrière les riverains pour les sommer de mettre leur masque, je pense qu’ils ont d’autres choses à faire que de courir après des femmes portant des burkinis », renchérit Cédric, un vacancier de Montpellie­r. Certains habitants se méfient quant à eux de cette mesure qui « promet de diviser la population ».

« Fréjus compte de nombreux musulmans pratiquant­s, donc de nombreuses mères de famille susceptibl­es de se baigner en burkini. Cette décision est absurde et risque d’attiser la haine de cette communauté », défend Florian, 23 ans.

En revanche, l’intégralit­é des riverains rencontrés estime que dans les piscines municipale­s, où les shorts de bain sont déjà prohibés, l’interdicti­on du burkini devait être maintenue, « pour des raisons d’hygiène ».

 ?? (Photo d’illustrati­on P. L.) ?? En 2016, plusieurs femmes avaient payé une amende de 38 euros pour avoir porté un burkini à Cannes et à Villeneuve-loubet.
(Photo d’illustrati­on P. L.) En 2016, plusieurs femmes avaient payé une amende de 38 euros pour avoir porté un burkini à Cannes et à Villeneuve-loubet.

Newspapers in French

Newspapers from France