L’interdiction du burkini fait des vagues à Fréjus
Le maire David Rachline a interdit le port de ce vêtement sur les plages et dans les piscines.
Sur la plage de la base nature, hier aprèsmidi, il est fréquent de croiser des jeunes femmes en bikini échancré, des groupes de volleyeurs en short de bain mais aucune femme en burkini à l’horizon. « J’en ai déjà vu à Fréjus, mais c’est assez rare ! », assure Céline, assise sur sa serviette, les pieds dans le sable.
Cette absence pourrait être la conséquence de la décision du maire, David Rachline, de bannir le port du burkini sur les plages communales et dans les piscines municipales. L’édile a annoncé sur Twitter jeudi qu’il « interdit explicitement » ce vêtement de bain dans sa commune.
« Je ne peux comprendre de telles dérives »
Cet arrêté a été publié trois jours après le feu vert du conseil municipal de Grenoble au port du burkini dans ses bassins communaux, une mesure assumée par Éric Piolle, maire de la ville. « J’ai pris connaissance avec stupeur de l’autorisation donnée par le maire de Grenoble d’autoriser le burkini dans les piscines de sa commune, a déclaré David Rachline, également vice-président du Rassemblement national, dans un communiqué. S’il n’est pas dans mes habitudes de commenter des décisions prises par d’autres maires, je ne peux ni comprendre ni partager de telles dérives qui vont à l’encontre de notre principe républicain fondamental de laïcité ». Dans l’ensemble, les riverains interrogés partagent le même constat que Céline, 40 ans, habitant à Port Fréjus. « L’interdiction du burkini est purement politique. Tant qu’elle n’est pas justifiée par des problèmes sanitaires ou de sécurité, je ne vois aucune raison de faire la chasse à ce vêtement. Les femmes qui le portent ne font de mal à personne ».
« Il serait malvenu de les sanctionner pour si peu »
La potentielle verbalisation des contrevenantes – dont certaines s’étaient acquittées d’une amende de 38 euros en 2016 – est jugée « excessive » par Kate et Françoise, deux Lorguaises habituées des plages de la cité romaine. « Même si nous avons du mal à comprendre les raisons qui poussent ces femmes à porter ces tenues, il serait malvenu de les sanctionner pour si peu. Le pouvoir d’achat des Français a baissé depuis la crise sanitaire, avec l’inflation aujourd’hui personne n’a les moyens de payer pour un choix vestimentaire ».
Une mesure qui « promet de diviser la population »
« Les forces de l’ordre couraient déjà derrière les riverains pour les sommer de mettre leur masque, je pense qu’ils ont d’autres choses à faire que de courir après des femmes portant des burkinis », renchérit Cédric, un vacancier de Montpellier. Certains habitants se méfient quant à eux de cette mesure qui « promet de diviser la population ».
« Fréjus compte de nombreux musulmans pratiquants, donc de nombreuses mères de famille susceptibles de se baigner en burkini. Cette décision est absurde et risque d’attiser la haine de cette communauté », défend Florian, 23 ans.
En revanche, l’intégralité des riverains rencontrés estime que dans les piscines municipales, où les shorts de bain sont déjà prohibés, l’interdiction du burkini devait être maintenue, « pour des raisons d’hygiène ».