Nice-Matin (Cannes)

LOST IN TRANSLATIO­N

- MATHIEU FAURE mfaure@nicematin.fr

Ce dimanche, c’est le film Holy Spider du réalisateu­r suédois d’origine iranienne Ali Abbasi, déjà honoré par Cannes avec Border dans la catégorie Un certain regard, qui fait son entrée en compétitio­n officielle. Une réalisatio­n sombre qui nous entraîne dans la ville sainte de Mashhad, en Iran, où une vague de féminicide­s frappe la cité. Une journalist­e de Téhéran se penche sur l’affaire, mais se heurte à l’hostilité des autorités locales, policières comme religieuse­s. Le tueur en série ne s’attaque qu’à des femmes qu’il estime « corrompues » (« Je vais nettoyer la ville de ces trainées »), et personne ne semble s’en soucier.

Une plongée noire et portée par l’actrice Sara Fazilat. Toujours en compétitio­n officielle, l’actrice et réalisatri­ce franco-italienne Valeria Bruni Tedeschi nous propose Les Amandiers ,une comédie dramatique autour des années 80 dont l’action se situe au sein de l’école d’art créée par Patrice Chéreau et Pierre Romans au théâtre des

Amandiers de Nanterre. Un film sur la découverte du monde artistique avec une troupe de jeunes acteurs prometteur­s emmenée par Nadia Tereszkiew­icz. Louis Garrel prêtera notamment ses traits à Patrice Chéreau.

Hors compétitio­n, ce dimanche sera très chargé et qualitatif avec Irma Vep d’olivier Assayas (Carlos), une reprise de son film de 1999 déclinée en série pour HBO et dont les deux premiers épisodes sont projetés en exclusivit­é dans la section Cannes Premières. Toujours dans le cadre de Cannes Premières, plusieurs projets notables sont sur les écrans ce dimanche : Riposte Féministe de Marie Perennès et Simon Depardon avec Marina Foïs en voix off, une propositio­n sur les violences sexistes ; Jerry Lee Lewis : Trouble in mind d’ethan Coen consacré à la vie de Jerry Lee Lewis; Don Juan de Serge Bozon avec Tahar Rahim et Virginie Efira autour de l’obsession et, enfin, Novembre de Cedric Jimenez qui, un an après Bac Nord, revient sur la Croisette avec une film nerveux autour de l’enquête qui a suivi les attentats du 13 novembre avec Jean Dujardin, Anaïs Demoustier, Sandrine Kimberlain et Jérémie Renier.

La sélection Un certain regard proposera de son côté deux films intéressan­ts : Les Pires de Lise Akoka et Romane Gueret, une fable sociale dans le Nord de la France et Retour à Séoul de Davy Chou sur le retour d’une jeune femme de 25 ans en Corée du Nord pour la première fois depuis sa naissance.

Dans le cadre de la Quinzaine des réalisateu­rs, on pourra s’amouracher du premier film de Charlotte Le Bon en tant que réalisatri­ce avec Falcon Lake, une histoire d’amour et de fantômes. Enfin, Nos cérémonies de Simon Rieth sera présenté à la semaine internatio­nale de la Critique sur le terrible secret de deux frères.

C’est un rectangle plastique. Taille CB. Nom. Photo. Code barres. Le badge, l’accréditat­ion, l’accred’ pour les habitués. Ce truc dont un bon festivalie­r ne se départit pas pendant quinze jours.toujours autour de son cou. Paraît même que certains dorment avec. Ce sésame, cette Green card, il faut la montrer environ 118 fois par jour à Cannes. Pâte blanche. Premier contrôle de sécurité pour entrer au Palais. Montre ton accred’. Entrée à la projo. Dégaine ton badge. Passage secret pour rejoindre la salle de presse. Merde. Merde. Meeeerde. Le sésame s’est fait la malle pendant le film. Impossible. On retourne à notre fauteuil. En dessous, rien. A l’accueil, les hôtesses n’ont rien trouvé. Vertige. Sans ça, on ne peut plus aller nulle part. On balise. On s’imagine déjà Lost in translatio­n, devant la salle Agnès Varda. Là, sans rien ni personne, en plein cagnard. Retour dans la salle. Il va falloir procéder à une fouille intime du fauteuil, en évitant de penser à ce(ux) qu’il a pu voir défiler. On glisse ses doigts dans la mousse rouge. On ausculte les plis du dossier. Des accoudoirs. Résistance. Elle est là. Réjouissan­ce suivie d’un cri. « Je l’ai ». Les hôtesses applaudiss­ent. Et moi, j’ai la sensation d’avoir fait le blockbuste­r de l’année. Happy end.

 ?? (Photo Sébastien Botella) ?? Irruption sur le tapis rouge : à la mode des célèbres Femen, cette jeune femme est venue dénoncer les viols perpétrés par l’armée russe sur les femmes ukrainienn­es.
(Photo Sébastien Botella) Irruption sur le tapis rouge : à la mode des célèbres Femen, cette jeune femme est venue dénoncer les viols perpétrés par l’armée russe sur les femmes ukrainienn­es.

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