Nice-Matin (Cannes)

ÉMOIS ET MOI

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Ta souffrance est mienne. On nomme ça l’empathie. Cette capacité de s’identifier à autrui dans ce qu’il ressent. Mais pas sans condition. La (re)connaissan­ce de l’autre, de ses besoins, de ses affects, rencontre la (re)connaissan­ce de soi, de ses propres émois. On apprend ainsi dans ces pages que l’évaluation de la douleur chez autrui vient s’échouer inconsciem­ment sur les rivages de sa différence. L’étrangeté de l’autre – par son âge, son sexe, sa couleur de peau ou encore sa langue – distante de la singularit­é du moi, tient l’empathie à distance. C’est ainsi. L’homme n’est pas une machine, un vulgaire algorithme nourri par des données sélectionn­ées. Aussi vertueux se veut-il, il n’est pas capable de chasser son être. Cette réflexion m’amène à penser les organisati­ons, alors que l’on espère, avec le nouveau gouverneme­nt, voir enfin s’engager les grands chantiers promis depuis des années, dans le champ de la santé. La direction technocrat­ique, si souvent malmenée pour ses choix éloignés des attentes du terrain, n’exprime-t-elle pas simplement l’absence de (re)connaissan­ce de ces besoins qui lui sont étrangers ? Le retour des soignants à la gouvernanc­e ou l’empathie nécessaire pour permettre aux profession­nels de santé d’être enfin reconnus. Et donc d’exister.

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