Nice-Matin (Cannes)

Nice : ça va secouer !

Cinquième du championna­t et qualifié pour le barrage de la Ligue Europa Conférence, le Gym s’avance vers une semaine décisive.

- VINCENT MENICHINI

Au moment de réaliser le bilan de la saison, le staff pourra s’appuyer sur ce match à Reims qui a parfaiteme­nt résumé ce que le Gym a fait de bien et de moins bien tout au long de son championna­t. Comme à de trop nombreuses reprises, les Niçois ont joué à mi-temps, entamant cette dernière journée de façon catastroph­ique avant de la terminer de manière héroïque, portés par Andy Delort, symbole de ce Gym à la sauce Christophe Galtier, jamais battu. Représenté par le fils de ce dernier - ce qui a pu créer quelques crispation­s au sein du groupe - et arraché à Montpellie­r en toute fin de mercato sur l’insistance du coach niçois, le bison de Sète a parachevé sa saison exceptionn­elle avec un triplé parfait à Auguste-delaune. Un but du droit, un du gauche et un de la tête, bien sûr : cela a porté à 18 son total de buts en championna­t, record en carrière. A 31 ans, il n’a jamais été aussi fort et va découvrir la Coupe d’europe la saison prochaine lors de ce tour de barrages de la Ligue Europa Conférence (18-25 août).

Lutte de pouvoir

Jusqu’en mars, Nice était sur le podium de la Ligue 1 et rêvait de la Ligue des Champions, beaucoup moins de cette C4, qui promet des déplacemen­ts exotiques en milieu de semaine et un casse-tête pour le staff. Dès samedi soir, Galtier a insisté sur sa volonté d’avoir un effectif conséquent et compétitif le plus tôt possible pour se donner toutes les chances de passer ce barrage. On se souvient qu’en 2013 l’éliminatio­n contre l’apollon Limassol avait coupé l’élan du Gym de Claude Puel. Cette fois, le club, habitué à jouer l’europe, semble mieux armé pour aborder ce rendez-vous estival mais, en coulisses, il n’a jamais autant tangué depuis la période des actionnair­es sinoaméric­ains en 2019. La lutte de pouvoir est intense entre Galtier, qui réclame plus de moyens et des joueurs beaucoup plus matures, et Julien Fournier, qui a vécu la fin de match à Reims en apnée, continuera de penser que l’effectif niçois n’avait rien à envier à ceux de Strasbourg et de Rennes et que Stengs, pour ne citer que lui, n’est pas un mauvais joueur. Or, acheté 12 millions d’euros, l’ancien de L’AZ Alkmaar n’a jamais su s’adapter au 4-4-2 de Galtier, ce qui est valable également pour Dolberg et Claude-maurice, deux des premières recrues onéreuses de l’ère Ineos.

Point de non-retour

Au coup de sifflet final, le directeur du football a regardé du coin de l’oeil son coach, avec qui le lien de confiance est rompu, saluer le parcage niçois, pouce en l’air et main sur le coeur. Le temps des copains semble bien loin, Galtier et Fournier ne collaborer­ont pas une saison de plus. Depuis la finale perdue contre Nantes, la relation entre les deux hommes, qui ne se sont pas regardés une seule seconde au coup de sifflet final sur la pelouse rémoise, s’est totalement dégradée. Elle semble aujourd’hui avoir atteint un point de non-retour, même si dans le foot, on n’est jamais à l’abri de rien. Que reproche Galtier à Fournier ? Plein de choses dont certaines inaudibles pour « JF » au Gym depuis 2011 et principal artisan de la constructi­on de ce club ces dernières années. En prenant Billal Brahimi, Fournier ne pensait pas s’attirer autant les foudres de Galtier, qui n’a jamais caché ses réticences sur ce garçon « remplaçant à Angers ». Samedi soir, malgré le peu de confiance du staff, il est encore entré avant Stengs ou Guessand et a déposé un centre sur la tête de Delort pour le 3-2. Pas si mal, après tout, mais ne fallait-il pas ne rien faire lors du mercato hivernal ou répondre aux attentes du coach pour ne pas en arriver là au bout d’une seule saison ? Sans doute.

Chaud et froid

Pour l’entraîneur niçois, dont le contrat s’étire jusqu’en juin 2024, il n’est plus concevable de continuer à faire le match avec Marseille, Monaco et Rennes avec ce type de recrues et aussi peu de soutien en interne. Lui veut du costaud, de l’expérience (André, Clauss, Ferri…) et, surtout, des compétiteu­rs comme Delort, qu’il cite régulièrem­ent en exemple. Il attend aussi un dirigeant plus proche de lui, plus ouvert, moins froid que Fournier, qui n’a jamais pris de pincettes pour faire part à Galtier de certains reproches, notamment sur le jeu proposé, et n’a également rien entrepris pour construire une relation de confiance avec l’entourage de son coach.

Après la défaite à Marseille, Fournier avait notamment pointé du doigt la frilosité et le manque d’allant offensif de l’équipe et, donc, critiquer, en substance, les choix de son entraîneur. Le ramadan a également été un sujet de frictions au coeur d’un printemps qui aura vu le Gym tout perdre, ou presque.

Ineos devra trancher

En prenant l’ancien coach de Saint-étienne et de Lille, les dirigeants niçois ont tourné le dos à une certaine idéologie de jeu, ce qu’ils ont pris en pleine figure lors de la finale de Coupe contre Nantes qu’ils ont, à juste titre, détestée, tout comme Jim Ratcliffe. Cet échec est celui d’un club, de ses décideurs, donc, des joueurs mais aussi celui de Galtier, qui a regretté, avec le recul, certains de ses choix, comme celui d’avoir fait une fois de plus - la fois de trop ! - confiance à Kasper Dolberg en attaque. Depuis, l’attaquant danois n’a plus joué une seule minute sous le maillot niçois et son avenir s’inscrit loin de la Côte d’azur, comme plusieurs joueurs de l’effectif.

Entre Nantes et la dernière journée, à Reims, l’entraîneur niçois a occupé le terrain médiatique quand Fournier, lui, est resté en retrait, terribleme­nt déçu, voire même désemparé, par la façon de procéder de celui qu’il était allé chercher à Lille et à qui il a offert un salaire XXL.

Un an après, et alors que Nice vient de boucler une saison tout à fait honorable, il paraît, à l’instant T, inconcevab­le de les revoir collaborer, ensemble. C’est maintenant à Ineos de trancher, un moment charnière dans l’histoire d’un club que Fournier devrait quitter avec le sentiment du devoir accompli. « Il n’est pas souriant, certes, mais le club lui doit énormément, souffle l’un de ses lieutenant­s. Ce sera une grosse perte pour L’OGC Nice, un choix qu’ineos pourrait regretter dans quelques années. »

Avec un point de plus, retiré après les incidents contre Marseille, la fin aurait été encore plus savoureuse pour Fournier.

Galtier, dont le bilan comptable est plus qu’acceptable, le sait mieux que personne. « Ce point, je me le mange depuis neuf mois » , at-il dit, samedi soir, à Reims.

 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from France