Nice-Matin (Cannes)

Faut-il désespérer ?

- de LIONEL PAOLI Reporter politique edito@nicematin.fr

Sondage après sondage, ces chiffres-là s’imposent à bas bruit. Peu d’observateu­rs s’y attachent. Ils ne prétendent pas dessiner à l’avance la compositio­n de la future Assemblée nationale, mais ils révèlent une réalité préoccupan­te. Que ce soit en matière de pouvoir d’achat, d’éducation, d’écologie, ou quoi que ce soit d’autre, aucun parti n’obtient la confiance d’une majorité de Français. Les plus appréciés atteignent péniblemen­t, selon les thèmes, 37 ou 38 % d’opinions positives.

Ces enquêtes dessinent en creux le portrait d’une France qui ne croit plus en rien – surtout pas aux lendemains qui chantent. Qui osera revendique­r la victoire, le 19 juin, quand la rue hurle jusqu’au fond des urnes qu’elle n’accordera plus aucun blanc-seing à quiconque ? Il faut mesurer ce que cela implique. Parce qu’il est mobilisate­ur, le désespoir

« Il suffirait d’un rien pour déclencher une nouvelle poussée de fièvre jaune. »

peut être dangereux. Les gilets ne sont jamais loin des ronds-points. Il suffirait d’un rien, d’une étincelle, pour déclencher une nouvelle poussée de fièvre jaune.

Or, la situation est infiniment plus tendue qu’il y a trois ans. La guerre en Ukraine obère l’avenir de l’europe ; la relance économique tousse au redémarrag­e ; l’inflation grève le budget des ménages. Le gouverneme­nt aurait grand tort de prendre tout cela à la légère. Une attitude condescend­ante, sitôt les isoloirs démontés, serait inacceptab­le. Et inacceptée. La langue de bois politique ne passe plus. Les Français peuvent entendre les vérités qui dérangent. Ils sont prêts à faire des sacrifices, s’ils estiment que ces efforts sont justifiés et qu’ils seront partagés. Ils attendent qu’on les considère comme des adultes. Qu’on les considère, tout simplement.

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