Les armes de longue portée, nouvelle bataille de Zelensky
Le Président ukrainien a demandé davantage « d’armes lourdes » à Emmanuel Macron. Cela permettrait-il d’aider les Ukrainiens à gagner la guerre ? Décryptage.
Sauver la ville de Severodonetsk, dans l’est de l’ukraine ? Impossible, répondent les Ukrainiens, sans l’envoi d’artillerie lourde. Sergueiï Gaïdaï, gouverneur de cette région de l’est, déclarait jeudi que l’ukraine pourrait contrôler à nouveau la ville-clé de Severodonetsk « en deux, trois jours », si et seulement si elle dispose « d’artillerie occidentale de longue portée ».
La France peut-elle livrer des armes lourdes ?
Face aux attaques russes, Volodymyr Zelensky demande lui aussi plus d’armes, et des armes plus offensives, en insistant sur l’enjeu de la victoire de Severodonetsk : « C’est une bataille très dure, très difficile, probablement une des plus difficiles de cette guerre. [...] À bien des égards, le sort de notre Donbass se décide là. » Il a d’ailleurs évoqué ce sujet avec Emmanuel Macron jeudi, au téléphone, réclamant au Président français des « armes lourdes ».
La France a déjà livré à l’ukraine des canons Caesar de 155 mm qui ont une portée de 40 km. En revanche, la livraison d’armes de longue portée semble impossible, comme le décrypte Léo Péria-peigné, chercheur en armement au centre d’études de sécurité de l’ifri, l’institut français des relations internationales : «La France dispose d’un stock très réduit d’armes de longue portée telles qu’en envoient les Américains comme les Lance-roquettes unitaires. Rappelons que ces armes ont une portée de 80 km avec les bonnes munitions. Les Allemands et les Américains ont dit qu’ils en enverraient. Mais combien ? Quand ? Et en combien de temps vontils former les opérateurs ukrainiens ? »
Les Ukrainiens à sec
Selon des sources américaines militaires, les Ukrainiens seraient à sec et n’auraient plus d’armes d’origine russe ou soviétique pour combattre.
Or, disposer d’armes de longue portée leur permettrait d’atteindre les Russes jusqu’à 80 km, dans les zones de ravitaillement qui ont été établies dans la région du Donbass. Cela les aiderait-il à gagner la guerre ? « Il n’y a pas d’arme miracle, tempère Léo Péria-peigné. À part l’arme atomique, et encore, dans le cas présent, cela mènerait à une escalade. Et surtout, que veut dire gagner la guerre, pour Kiev ? Repousser les Russes du territoire perdu depuis trois mois ? Les empêcher de reprendre le Donbass ? Ou encore reprendre la Crimée ? »
Autre paramètre essentiel dans cette guerre qui pourrait durer des années : les hommes qui composent les armées. Qui tiendra le plus longtemps ? Les Russes ou les Ukrainiens ? Une chose est sûre pour le chercheur en armement de l’ifri : « Le temps joue en faveur des Ukrainiens, qui ont mobilisé une partie importante de leur population, là où les Russes ne peuvent augmenter leurs effectifs. »
Paris balaie la polémique après l’appel à « ne pas humilier » la Russie
La France veut la « victoire » de l’ukraine et le
« rétablissement » de son intégrité territoriale, a mis au point hier l’élysée, après la polémique déclenchée par les appels répétés d’emmanuel Macron à «ne pas humilier » la Russie. Le chef de l’état se rendra mardi en Roumanie, où des forces françaises sont stationnées, et mercredi en Moldavie. L’élysée n’a pas confirmé si un déplacement en Ukraine voisine, très attendu, était dans les tuyaux. Paris s’est par ailleurs proposé pour aider à débloquer le port d’odessa, miné, afin d’éviter une crise alimentaire mondiale.
Hommage émouvant au journaliste français tué en Ukraine
« Voilà, M. Poutine, la belle personne que vous avez tuée », a déclaré hier soir la mère du journaliste de BFM TV Frédéric Leclerc-imhoff, tué par un éclat d’obus fin mai, lors d’un émouvant rassemblement en hommage à Paris.