Nice-Matin (Cannes)

À QUOI BON ?

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À quoi bon prévenir s’il est si facile de guérir ? Cette question, très simple, n’est-elle pas l’explicatio­n aux échecs répétés des actions de prévention ? On peut bien sûr refaire la liste de tous les obstacles qu’elles rencontren­t : le financemen­t, la formation des profession­nels de santé, la problémati­que de parcours, l’éducation… Mais tous ces indices sont parfaiteme­nt connus, et de tous, depuis des années. Il n’est pas une réunion autour de la prévention qui ne conclue sur la nécessité d’améliorer ces aspects-là. Et les derniers débats du « Hub santé » n’ont pas dérogé à cette règle. La prévention est une notion très ancienne. N’estce pas à Hippocrate (460 av. J.-C. - 370 av. J.-C.), père de la médecine, qu’on attribue la phrase « Que ta nourriture soit ton médicament et que ton médicament soit dans ta nourriture » ? Au-delà de la conscience très précoce que l’environnem­ent pouvait avoir une influence sur la santé, la prévention (l’hygiène) avait tout son sens lorsque les remèdes étaient encore en peine. On pouvait alors prendre au pied de la lettre « mieux vaut prévenir que guérir ». Des siècles de santé publique au bénéfice de la bonne santé de la population. Et puis, il y a eu les progrès gigantesqu­es de la médecine dans l’après-guerre. Les hommes ont vu leur espérance de vie s’envoler. Les années glorieuses de la médecine, louée, vantée, adulée… qui ont vidé de son sens la modeste prévention. Alors, quand face à l’épidémie de maladies chroniques, au vieillisse­ment de la population, au manque de soignants, etc., on rappelle la prévention au secours, beaucoup restent sourds. En faisant aveu de ses faiblesses et de son impuissanc­e à tout guérir, la médecine contempora­ine nous inciterait peut-être à être plus attentifs.

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