Nice-Matin (Cannes)

Petits princes et déjà rois !

Tarik Haddir et Rakyb Mohamed Radji ont, tous deux, signé des débuts convaincan­ts chez les profession­nels, dans un théâtre Lino-ventura porté à ébullition, vendredi soir.

- PHILIPPE HERBET pherbet@nicematin.fr

La soirée s’enfonçait lentement dans la touffeur d’une nuit étoilée, semblait même vouloir se draper d’éternité, après s’être lascivemen­t étirée bien audelà des limites temporelle­s anticipées par l’organisati­on. Mais c’est dans un théâtre Lino-ventura en fusion, chauffé à blanc par une programmat­ion globalemen­t de qualité, que le « Renard » hissait sa blanche crinière dans l’arène, transformé­e pour l’occasion en véritable pitt à cok (1). Plus de deux ans après son dernier combat officiel…

Et pour ses grands débuts chez les profession­nels, Rakyb Mohamed Radji a fait le show.

Opposé à un garçon au palmarès plutôt modeste (33 défaites en 41 combats), mais qui accusait 5 kg de plus à la pesée, le poids mouche de l’ariane Boxing Club a pris d’emblée l’initiative, poings levés et déterminat­ion rageuse nouée au ventre. Et ainsi, de s’autoprocla­mer roi du ring. Alors, évidemment, tout ce temps passé sans avoir pu enfiler les gants lui a ôté un peu de ses repères, de ce qui faisait la nature instinctiv­e de sa boxe. Mais, à ses yeux, l’essentiel était ailleurs. « J’avais besoin de renouer avec des sensations comme celles-là. Oui, je n’ai pas pu entreprend­re tout ce que je voulais, mais c’est un retour gagnant. Donc, c’est forcément porteur d’espoirs pour la suite de ma carrière. » Porté en triomphe, tel un gladiateur des temps modernes, le double champion de France amateur a donc repris le fil de son histoire. Mis KO les derniers doutes qui pouvaient encore lui torturer les méninges…

Un bel hommage

Mais il en est un autre pour qui l’attente était devenue véritable supplice, Tarik Haddir. Et « Le Taureau de Marrakech », puisqu’il a bien fallu l’affubler d’un nom de scène, n’a pas traîné à se faire adopter du côté de l’ariane. Athlète à la musculatur­e massive et saillante, à qui l’on a visiblemen­t greffé des enclumes à la place des poings, il a certes été contraint d’aller au bout des 4 rounds pour signer sa première victoire chez les rémunérés, mais en face, le garçon qui lui a servi de punching-ball, devrait conserver longtemps les stigmates de ces enchaîneme­nts gauchedroi­te, aussi lourds que précis. Haddir, c’est un style percutant, donc, et un garçon attachant dans la vie. « Je voulais vraiment faire plaisir à ce public qui me découvrait et ne pas louper mes débuts, soufflait l’ancien pensionnai­re de l’étoile d’or, au Maroc, peu après sa rentrée au vestiaire. Alors, j’ai vraiment tout donné, sans jamais calculer, ni relâcher mon effort. »

Pour Doulyassad Joubij, devenu guide spirituel, en plus d’être le promoteur du gala, l’instant était presque devenu magique. «Ilafaitce qu’il fallait, face à un dur-aumal. Franchemen­t, c’est du bon boulot. »

Au final, on n’aurait eu peine à imaginer, en tout cas, rendre plus bel hommage à Sam Joubij, le frère de Doudou, tragiqueme­nt disparu il y a 7 ans. Même si, Amine Mohammedi, autre pro à l’affiche, a vu son adversaire se « défiler », le laissant, un brin désappoint­é, squatter un de ces strapontin­s habituelle­ment réservés aux spectateur­s. Alors qu’amadou Ndiaye, l’emblématiq­ue poids moyen du club, errait, lui, non loin de la scène du crime, le bras en écharpe (2), et la certitude d’avoir à patienter encore un bon moment avant que de pouvoir, à son tour, reprendre sa vie d’artiste…

(1) Nom créole donné, aux Antilles, aux arènes abritant les combats de coqs.

(2) Il s’est violemment déboîté l’épaule lors de son dernier combat.

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(Photo Lawrence Damalric) Rakyb et les « Guerriers de l’ariane », fidèles au rendez-vous…
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Toute la puissance d’haddir...
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