La sensation Mélenchon
Quelle différence de ton au moment des premières déclarations ! Voix monocorde, le nez dans ses notes, la Première ministre se félicite du bout des lèvres qu’ensemble ! se pose, au soir du premier tour, comme « la seule force politique en mesure d’obtenir la majorité à l’assemblée. » Jean-luc Mélenchon, lui, bout. Verbe haut, émotion surjouée, l’inventeur de la Nupes en fait des tonnes. Il appelle le peuple « à déferler dimanche prochain ». En moins de deux mois, le leader des Insoumis aura (presque) réussi à renverser la table. Avec une bonne dose d’intuition, une grande louche d’expérience et un zeste de talent, le troisième homme de la présidentielle a réussi son pari de transformer les législatives en match retour, chipant au passage le rôle de premier opposant à Marine Le Pen. Contrairement à elle, il n’est pas parti se reposer au lendemain de la réélection d’emmanuel Macron, mais a tout donné. Boosté par ses 21,95 % au premier tour de la présidentielle, Mélenchon a scénarisé sa revanche. « Élisez-moi Premier ministre ! ». Son slogan digne d’une grande agence de com’ a instantanément marqué les esprits. Le meilleur était à venir. L’union à gauche était impossible ? Il l’a faite. Et voilà le professeur Tournesol de la gauche bombardé à la tête d’un attelage hétéroclite de communistes, d’insoumis, de socialistes et d’écolos qui se permet aujourd’hui de talonner la majorité présidentielle alors que son parti, LFI, n’avait obtenu que dix-sept députés en 2017. Conquérant et inspiré, Mélenchon a créé la sensation. Mais dimanche prochain, l’euphorie pourrait retomber. Il ne devrait pas s’installer à Matignon ni imposer une cohabitation.
Le leader de la gauche unie aura néanmoins remporté son pari en faisant de la Nupes (dont on ne sait même pas encore prononcer le nom) la première force d’opposition à l’assemblée. Jean-luc Mélenchon aura aussi compliqué la vie d’emmanuel Macron, loin d’être assuré, à ce stade, de pouvoir s’appuyer sur une majorité absolue. Chapeau, l’artiste.
« Boosté par ses 21,95 % à la présidentielle, il a scénarisé sa revanche. »