Nice-Matin (Cannes)

Bus fou : le conducteur niçois radié et emprisonné

Le 3 mai, le chauffeur d’un bus de la ligne 7 de Nice avait provoqué plusieurs accrochage­s et blessé l’une de ses passagères. Il était ivre. Il a été condamné hier à de la prison ferme.

- CHRISTOPHE PERRIN chperrin@nicematin.fr

L’histoire d’un chauffeur de bus ivre avec trente passagers à bord, le 3 mai à Nice, avait tout d’un scénario catastroph­e. Fort heureuseme­nt, il n’y eut qu’un seul blessé : Coralie, commercial­e de 23 ans, touchée aux cervicales. Les autres clients de la régie Lignes d’azur s’en sortent avec une sacrée frayeur.

Sur le trajet, qui relie le port à l’ariane, trois voitures ont été embouties et un terreplein a été allègremen­t franchi lors de cette course folle. Le conducteur a, au passage, oublié un client à l’arrêt Auvare puis a donné un violent coup de volant aux abords d’un rond-point. C’en était trop. Paniqués, des passagers ont tenté d’intervenir. Le chauffeur a fini par s’arrêter. Avant de vouloir redémarrer pour se rendre au dépôt à Drap ? Il se défend de tout délit de fuite. «Jeme suis arrêté à cinq mètres du quai. J’ai demandé à tout le monde descendre. Le bus articulé fait 18 mètres », remarque le prévenu, en détention provisoire depuis l’accident.

Un passé de chauffard

Un premier accrochage s’était produit vers 18 h 30. Nordine ne s’en souvient pas. Le bus a abîmé le flanc d’une voiture en stationnem­ent. Recruté en 2019, ce salarié au passé de chauffard, comme en atteste son casier judiciaire, était plutôt apprécié.

Lignes d’azur l’a licencié depuis son gymkhana urbain. « Êtes-vous sûr de vous souvenir de tout », questionne Me Christian Scolari, partie civile, surpris par l’amnésie du prévenu. La procureure Parvine Derivery soupire : « Monsieur s’est alcoolisé plus que de raison dès 11 heures. Il prétend s’être senti en capacité de conduire. C’est déjà très grave… À 22 h 30, son taux était à 0,98 mg par litre d’air expiré. Un taux en phase montante », insiste la magistrate pour démontrer que le conducteur a bu pendant son service. La magistrate requiert 18 mois de prison dont neuf mois ferme et une annulation du permis pour sanctionne­r à la fois les blessures involontai­res, le délit de fuite et le défaut de maîtrise.

Me Hatem Ayadi, en défense, souligne combien son client « a honte par rapport à ses collègues et aux passagers qu’il côtoyait sur cette ligne. Un sursis probatoire avec une obligation de soins me paraît plus adapté que la prison ». L’avocat conteste également le bienfondé juridique de la constituti­on de partie civile de Lignes d’azur. « Je voudrais m’excuser auprès des victimes et envers mon employeur qui m’avait fait confiance, intervient le prévenu. Je regrette beaucoup ce que j’ai fait. »

Permis annulé

La sanction tombe : deux ans de prison dont quinze mois avec sursis, un permis annulé puis une obligation pendant deux ans de conduire un véhicule équipé d’un éthylotest antidémarr­age. Nordine reste en prison.

Les demandes de Lignes d’azur, en tant que partie civile, sont rejetées, « toutes les exigences à l’embauche n’ayant pas été prises », selon Alain Chemama, le président du tribunal correction­nel. En aparté, un cadre de la régie se justifiait : en tant qu’employeur de salariés de droit privé, il ne peut accéder au casier judiciaire B2 des recrues.

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(Photo d’illustrati­on Cyril Dodergny) Le conducteur ivre du bus niçois a eu faux sur toute la ligne. Il reste en prison, a décidé le tribunal correction­nel.

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