« Jusqu’en 2050, on va vers des canicules plus longues »
Coordinateur général d’air Climat et animateur du Groupe régional d’experts sur le climat en région Sud (GREC Sud), Antoine Nicault détaille le phénomène des canicules et les solutions à y apporter.
Quelles sont les causes et conséquences de cette vague de chaleur précoce ?
Les causes sont multiples. On a une remontée d’air chaud qui vient d’afrique du Nord en transitant par l’espagne. Mais la cause principale, c’est le changement climatique. Depuis 1949, on note que les deux tiers des épisodes de canicule ont eu lieu ces 20 dernières années. Elles ont aussi tendance à augmenter. En 2019, la moitié des stations du Sud-est a battu des records absolus de températures. La particularité de cette canicule, c’est sa précocité. La température moyenne sur la région a déjà augmenté de 1,8 degré depuis 1960. Comme ces moyennes augmentent, cela augmente l’intensité et la précocité des canicules. Un autre phénomène inquiétant, c’est la durée de ces vagues de chaleur, plus de trois semaines en 2003, un peu moins de trois semaines en 2019, avec des impacts importants sur nos organismes et une pression sur les écosystèmes qui ne connaissent plus une année de repos entre déficit de pluie, sécheresse, épisodes méditerranéens, incendies…
Ces canicules, on les voit aussi sous la mer avec un impact très fort sur la biodiversité.
Peut-on inverser cette tendance ?
Jusqu’en 2050, on va vers des canicules plus longues. Après, ça dépendra de notre capacité à réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Comment faire baisser la température dans les villes ?
Une des solutions, c’est la nature en ville. Il faut provoquer de l’ombrage, planter des arbres, les choisir en fonction des bénéfices que l’on en attend, en évitant ceux qui produisent des pollens allergènes ou qui émettent des composés organiques volatils, et en préférant les essences méditerranéennes. Il y a tout un équilibre à trouver. Sur le bâti existant, on peut mettre des ombrières, des tissus, des pergolas qui laissent circuler l’air et font de l’ombre sur les façades. À terme, il faut construire autrement en jouant sur l’orientation des bâtiments, en évitant d‘exposer les chambres au sud-ouest. Et rénover les passoires énergétiques.