Sécheresse : l’estéron en crise
Les 26 communes de ce bassin-versant pourraient voir les mesures de limitation de la consommation d’eau se renforcer. Les débits enregistrés ont en effet atteint un niveau « critique ».
Sans attendre la prochaine réunion « sécheresse », programmée le 23 juin, la préfecture a décidé de consulter son comité ressources par voie dématérialisée. Il y a urgence dans l’estéron. Les débits sont passés en dessous des seuils de crise. Moins de 1 000 litres à la seconde s’écoulaient au niveau du capteur du Broc ce dimanche. Au plus fort de la tempête Alex le débit de ce cours d’eau avait atteint le niveau record de 471 000 litres à la seconde ! On en est loin, très loin. Dans certaines communes de ce bassin-versant, l’alimentation en eau devient « critique ». Ascros, Saint-antonin ou encore La Penne faisaient pourtant partie des huit communes maralpines à avoir, les premières, pris des arrêtés de restriction. Dès le mois de mars. Cela n’aura pas suffi.
« Tout ça nous fait un peu peur »
Aujourd’hui, la maire de La Penne, Marjorie Rosa, a décidé de passer à la vitesse supérieure. Cette élue vient tout bonnement d’interdire l’emploi des ressources en eau potable du réseau pour arroser son jardin, laver sa voiture ou remplir sa piscine. Et cela, quelle que soit l’heure du jour ou de la nuit. Il faut dire que la maire en est au point d’ouvrir les portes de sa propre maison aux employés communaux afin qu’ils utilisent la « petite source » dont elle dispose pour arroser les plantes du village.
« Tout ça nous fait un peu peur », confie Marjorie Rosa. Car, « oui, la situation est critique ». Les deux sources auxiliaires dont dispose sa commune sont déjà « taries ou presque ».
Quant à l’alimentation principale, la source de Rourebelle, dont dépend non seulement La Penne, mais aussi Ascros, Saint-antonin ainsi que Saint-pierre dans les Alpes-de-haute-provence,
« le débit était déjà si bas la semaine dernière qu’il suffisait à peine à reremplir le bassin de stockage ».
Cette élue s’inquiète légitimement pour les semaines d’été à venir. D’autant que le président de la Régie Eau d’azur confirme que les consommations sont « directement corrélées à la météo ». La vague de chaleur qui s’annonce devrait affoler un peu plus encore les compteurs. Même si les appels à la modération lancés par les autorités ont jusque-là permis de «minorer les surconsommations habituellement constatées à cette période de l’année », souligne Hervé Paul (lire aussi ci-dessous). Mais dans l’estéron, cela ne pourrait pas suffire. Voilà pourquoi la préfecture envisage manifestement de passer ce bassinversant, qui regroupe 26 communes, en situation de crise. Un niveau d’alerte qui entraînerait un renforcement et obligerait professionnels et agriculteurs à réduire leurs consommations de 50 %. De quoi faire bondir Jean-philippe Frère, le président de la FDSEA06 : « Il ne manquerait plus que l’on coupe le robinet aux exploitants alors que nous avons été les premiers à tirer la sonnette d’alarme, il y a des mois déjà ! »
Les membres du comité ressources en eau ont jusqu’à ce jeudi pour donner leur avis consultatif. La décision finale revenant au préfet des Alpes-maritimes, Bernard Gonzalez.