Nice-Matin (Cannes)

Ivre, le militant antivax avait mis le feu au barnum d’une pharmacie

- CHRISTOPHE CIRONE ccirone@nicematin.fr

« Plein centre d’antibes, premier centre de vaccinatio­n brûlé. Pour les gosses. »

Voici un extrait des messages Whatsapp envoyés par Sébastien M. à sa compagne, dans la nuit du 3 au 4 février, à Antibes. Il venait de mettre le feu au barnum devant la pharmacie de l’ilette. Voilà ce qui l’amène devant le tribunal correction­nel de Grasse hier.

Cette nuit-là, cet Antibois de 41 ans met le feu à la tente installée au 14, avenue du Maréchal-leclerc. Les sapeurs-pompiers intervienn­ent. Après leur départ, l’incendiair­e revient finir le travail en enflammant un buisson voisin. Il est interpellé à proximité, ivre. Il a une bouteille de vodka, un briquet et les mains noires. Difficile de nier. Les policiers découvrent sur son téléphone des photos de l’incendie, mais aussi de dégradatio­ns sur la devanture d’une autre officine : la Grande Pharmacie d’antibes, place Guynemer. Les messages de Sébastien M. à sa compagne, qui suscitent sa réprobatio­n, sont en outre explicites : « C’est pour sauver des vies par rapport à la tyrannie que l’on vit en ce moment. » Face au psy, il dira : « J’ai voulu faire un symbole. J’en ai marre de toute cette mascarade. »

« Geste stupide »

Face au tribunal, Sébastien M. fait profil bas. « C’était une période assez délicate dans ma vie. Je venais de divorcer. On venait de sortir du confinemen­t... » Il qualifie son geste de « déplacé », « malvenu », « stupide ». Il le reconnaît : « J’aurais pu mettre en danger des gens. Je tiens vraiment à m’excuser. » « Quand on lit vos messages sur Whatsapp, vous apparaisse­z comme un militant antivax. C’est votre droit... tant que cela ne vous amène pas à commettre un délit », insiste la présidente Laurie Duca. Cet incendie a freiné la campagne de tests antigéniqu­es de l’officine. « Quand on met le feu à une pharmacie, on atteint les droits des autres, de ceux qui veulent se faire vacciner », rappelle le procureur Thierry Bonifay.

« Un incendie de barnum, pas de pharmacie », nuance Me Robin Evrard. L’avocat de la défense attribue cet acte à « une accumulati­on de problèmes », « l’alcool aidant ». Sébastien M. semble bien mieux disposé aujourd’hui. Le tribunal suit les réquisitio­ns du parquet : il lui inflige un an de prison avec sursis mise à l’épreuve, obligation de se soigner et de travailler.

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