« Il faut un plan Marshall de la mobilité électrique »
Marianne Laigneau, présidente du directoire d’enedis, est en visite sur la Côte d’azur. Elle évoque ses grands défis.
Bâtiments, voitures, ports… Pour Enedis, la transition énergétique est tout-terrain. Un défi majeur pour les 36 000 collaborateurs de cette entreprise privée (ex-erdf), filiale D’EDF, qui gère le réseau de distribution d’électricité public. Défi relevé notamment dans notre région. Marianne Laigneau s’y trouve aujourd’hui. La présidente du directoire d’enedis rend visite à ses partenaires et aux équipes de sa direction Côte d’azur (Alpes-maritimes et Var). Avant de visiter un chantier à Antibes, elle a évoqué ses projets à Nice.
En quoi consiste cette « nouvelle France électrique » que promeut Enedis ?
C’est l’idée d’une deuxième électrification de la France, après celle du début du XXE siècle. Une révolution électrique.
En France, 500 000 sites de production renouvelable sont raccordés au réseau géré par Enedis. D’ici 2028, elle en comptera entre un et deux millions ! 150 000 sites sont des auto-consommateurs individuels, des particuliers ou des TPE. Ils se sont équipés de panneaux solaires sur leur toit pour produire eux-mêmes leur électricité, en consommer une partie, et mettre le surplus sur le réseau.
L’autoconsommation, un modèle d’avenir ?
Elle se développe, individuelle mais aussi collective. C’est rentable : nous seulement vous produisez votre propre électricité, mais vous êtes rémunéré si vous êtes excédentaire ! Ce territoire est très dynamique.
Sur moins de cent opérations collectives en France, il y en a trois en fonctionnement dans les Alpesmaritimes, à Biot, à Mouans-sartoux, et surtout un écoquartier à Nice Méridia. Quatre ou cinq opérations sont en développement bien avancé. Ce sont des projets précurseurs, permis par le compteur Linky.
Energie renouvelable, projets citoyens, baisse de facture : c’est ça, la nouvelle France électrique !
C’est aussi l’électrification du port de Toulon ?
L’électrification des bateaux à quai, on ne l’aurait pas imaginé il y a cinq ans… Or en 2023, vous serez sur le quai du port de Toulon et, grâce à un dispositif ad hoc dans la coque, vous brancherez n’importe quel ferry à une potence connectée au réseau électrique. Et là, plus de souffle, plus de pollution, plus de bruit pour les habitants ! Tous les ports nous le demandent.
Que fait Enedis pour encourager la mobilité électrique, face au déficit de bornes de recharge ?
Nous ne vendons pas de borne, nous n’en installons pas et nous ne vendons pas l’électricité. En revanche, nous sommes responsables de tirer les câbles au bon endroit. Nous avons signé en 2021 une convention avec la Métropole de Nice pour l’accompagner. Nous avons équipé plus d’un tiers des aires autoroutières françaises, nous sommes en train de le faire sur toute l’a8. Sur la voirie, même si l’objectif des 100 000 bornes fin 2021 n’a pas été atteint [60 000 à ce jour, Ndlr], on est dans une bonne dynamique, dans le top 5 européen. Mais le vrai enjeu, c’est la copropriété : 90 % de la recharge des véhicules se fait à domicile. Or, sur 180 000 copropriétés disposant d’au moins dix places de parking, 2 à 5 % sont équipées.
Comment rattraper ce retard ?
Il faut un plan Marshall de la mobilité électrique. Il y a aujourd’hui
700 000 véhicules électriques, hybrides ou hybrides rechargeables ; il faudra être à 17 millions en 2035. C’est une pente colossale à monter ! Il faut accélérer. C’est pourquoi nous proposons le dispositif « Colonne horizontale », pour équiper les copropriétés neuves ou existantes. Nous le préfinançons, et nous serons remboursés au fur et à mesure que des citoyens se connecteront.
Quand seront achevés les réseaux électriques des vallées sinistrées par la tempête Alex ?
Il y a eu une mobilisation exceptionnelle durant la phase d’urgence. À présent, nous sommes en phase de reconstruction, avec des réseaux plus résistants et plus résilients, majoritairement enfouis : d’un mal peut sortir un bien. Sur 77 km, nous en sommes à 33 km, soit la moitié. Nous aurons fini fin 2022, dans les temps. C’est un effort exceptionnel de l’entreprise.