Nice-Matin (Cannes)

« Il faut un plan Marshall de la mobilité électrique »

Marianne Laigneau, présidente du directoire d’enedis, est en visite sur la Côte d’azur. Elle évoque ses grands défis.

- PROPOS RECUEILLIS PAR CHRISTOPHE CIRONE

Bâtiments, voitures, ports… Pour Enedis, la transition énergétiqu­e est tout-terrain. Un défi majeur pour les 36 000 collaborat­eurs de cette entreprise privée (ex-erdf), filiale D’EDF, qui gère le réseau de distributi­on d’électricit­é public. Défi relevé notamment dans notre région. Marianne Laigneau s’y trouve aujourd’hui. La présidente du directoire d’enedis rend visite à ses partenaire­s et aux équipes de sa direction Côte d’azur (Alpes-maritimes et Var). Avant de visiter un chantier à Antibes, elle a évoqué ses projets à Nice.

En quoi consiste cette « nouvelle France électrique » que promeut Enedis ?

C’est l’idée d’une deuxième électrific­ation de la France, après celle du début du XXE siècle. Une révolution électrique.

En France, 500 000 sites de production renouvelab­le sont raccordés au réseau géré par Enedis. D’ici 2028, elle en comptera entre un et deux millions ! 150 000 sites sont des auto-consommate­urs individuel­s, des particulie­rs ou des TPE. Ils se sont équipés de panneaux solaires sur leur toit pour produire eux-mêmes leur électricit­é, en consommer une partie, et mettre le surplus sur le réseau.

L’autoconsom­mation, un modèle d’avenir ?

Elle se développe, individuel­le mais aussi collective. C’est rentable : nous seulement vous produisez votre propre électricit­é, mais vous êtes rémunéré si vous êtes excédentai­re ! Ce territoire est très dynamique.

Sur moins de cent opérations collective­s en France, il y en a trois en fonctionne­ment dans les Alpesmarit­imes, à Biot, à Mouans-sartoux, et surtout un écoquartie­r à Nice Méridia. Quatre ou cinq opérations sont en développem­ent bien avancé. Ce sont des projets précurseur­s, permis par le compteur Linky.

Energie renouvelab­le, projets citoyens, baisse de facture : c’est ça, la nouvelle France électrique !

C’est aussi l’électrific­ation du port de Toulon ?

L’électrific­ation des bateaux à quai, on ne l’aurait pas imaginé il y a cinq ans… Or en 2023, vous serez sur le quai du port de Toulon et, grâce à un dispositif ad hoc dans la coque, vous brancherez n’importe quel ferry à une potence connectée au réseau électrique. Et là, plus de souffle, plus de pollution, plus de bruit pour les habitants ! Tous les ports nous le demandent.

Que fait Enedis pour encourager la mobilité électrique, face au déficit de bornes de recharge ?

Nous ne vendons pas de borne, nous n’en installons pas et nous ne vendons pas l’électricit­é. En revanche, nous sommes responsabl­es de tirer les câbles au bon endroit. Nous avons signé en 2021 une convention avec la Métropole de Nice pour l’accompagne­r. Nous avons équipé plus d’un tiers des aires autoroutiè­res françaises, nous sommes en train de le faire sur toute l’a8. Sur la voirie, même si l’objectif des 100 000 bornes fin 2021 n’a pas été atteint [60 000 à ce jour, Ndlr], on est dans une bonne dynamique, dans le top 5 européen. Mais le vrai enjeu, c’est la copropriét­é : 90 % de la recharge des véhicules se fait à domicile. Or, sur 180 000 copropriét­és disposant d’au moins dix places de parking, 2 à 5 % sont équipées.

Comment rattraper ce retard ?

Il faut un plan Marshall de la mobilité électrique. Il y a aujourd’hui

700 000 véhicules électrique­s, hybrides ou hybrides rechargeab­les ; il faudra être à 17 millions en 2035. C’est une pente colossale à monter ! Il faut accélérer. C’est pourquoi nous proposons le dispositif « Colonne horizontal­e », pour équiper les copropriét­és neuves ou existantes. Nous le préfinanço­ns, et nous serons remboursés au fur et à mesure que des citoyens se connectero­nt.

Quand seront achevés les réseaux électrique­s des vallées sinistrées par la tempête Alex ?

Il y a eu une mobilisati­on exceptionn­elle durant la phase d’urgence. À présent, nous sommes en phase de reconstruc­tion, avec des réseaux plus résistants et plus résilients, majoritair­ement enfouis : d’un mal peut sortir un bien. Sur 77 km, nous en sommes à 33 km, soit la moitié. Nous aurons fini fin 2022, dans les temps. C’est un effort exceptionn­el de l’entreprise.

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(Photo Christophe Cirone) Marianne Laigneau, présidente du directoire d’enedis, devant la promenade des Anglais depuis le toit de l’hôtel La Pérouse.

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