Nice-Matin (Cannes)

Tordo : « A Nice, on a les fondamenta­ux »

- VINCENT MENICHINI

Il est l’emblème du rugby niçois et sa figure la plus populaire. A 56 ans, Jeanfranço­is Tordo ne manquera rien des deux demi-finales de Top 14, aujourd’hui et demain. Finaliste du championna­t de France en 1983 avec le RRC Nice - défaite contre Béziers - l’ancien talonneur se confie. Avec délicatess­e et une passion intacte.

Son quotidien

« Je vis entre Péone et Madagascar. Je n’ai toujours pas de cadre, je suis libre. Je vis comme je l’ai toujours voulu, sans contrainte mais avec passion. Je ne changerai mon quotidien pour rien au monde. A Péone, je suis maçon, je rénove, c’est mon équilibre. »

Madagascar

« J’y suis trois mois dans l’année. Là-bas, c’est du concret, un projet de vie. Avec moi, l’humain est au milieu de tout. Sinon, ce n’est pas la peine. On a monté une associatio­n en 2006, Pachamama. On réinsère des gamins grâce au rugby, le sport roi, mais on a mis en place un suivi scolaire afin qu’ils apprennent également à lire et écrire. On leur permet également d’être formés au métier de l’agricultur­e. Avec un diplôme, ils peuvent toucher 4 euros par mois. C’est ça la réalité à Madagascar.

Il a toujours fallu que ma vie ait un sens, qu’elle soit tournée vers les autres. Alors, quand j’entends certains sportifs se plaindre et nous dire qu’ils ont fait le job après un match, ça me rend fou ! »

Le rugby à Nice

« C’est compliqué, fait de hauts et de bas. Le club a tellement changé, de couleurs, de maillots, de dirigeants, de noms. Il faut de la stabilité pour donner un nouvel élan. Nice a toujours été une ville de sport, Estrosi est dans cette lignée. On a vraiment besoin de retrouver une équipe en Top 14. Ce n’est pas utopique, il y a un bassin économique assez formidable dans le coin. Il n’y a pas beaucoup mieux que de vivre de sa passion ici, à Nice, non ? En 1983, on perd la finale contre Béziers avec pratiqueme­nt que des gamins de l’école de rugby. Les Catonni, Buchet, etc. Qu’est-ce qu’on était fiers… A Nice, on a les fondamenta­ux, il ne manque pas grand-chose pour que ça reparte. »

Les demi-finales

« Je vais assister aux deux matchs, c’est génial pour la ville. L’ambiance va être exceptionn­elle. On va se retrouver entre copains, refaire le monde et se remémorer nos souvenirs. La vie, le partage, tout ce que j’aime. Mes favoris ? Castres car j’ai toujours aimé le Petit Poucet et Bordeaux-bègles pour Christophe Urios. Il me plaît, il dit les choses, ne fait pas semblant. Il est dans l’humain. Il a mis un tacle à ses cadres la semaine dernière. Et alors, il n’a pas le droit ? Aujourd’hui, on ne peut plus rien leur dire aux joueurs. Urios, c’est Urios. Mais, lui au moins, il n’est pas dans un moule, parle avec son coeur. »

L’équipe de France

« Elle s’est réinventée sous l’impulsion de Fabien Galthié.

Je dis bravo. Il est parti avec des gamins, dont je ne connaissai­s même pas le nom. Je découvrais l’équipe en lisant le journal. C’était courageux de sa part. Je crois en cette équipe en vue de la prochaine Coupe du monde 2023. On peut regarder les Blacks droit dans les yeux. On n’est plus à espérer qu’ils attrapent la grippe aviaire pour les battre (rires). On est sûr de nos forces, on va planter le drapeau avec fierté et avancer jusqu’au titre de champion du monde. Tout ça permettra à toute une génération d’aimer le rugby et pourrait être le point de départ de la renaissanc­e du rugby niçois. Mon rêve ? Etre champion du monde et revoir Nice en Top 14 dans un futur proche ».

 ?? (Photo Frantz Bouton) ?? Jean-françois Tordo, l’emblème du rugby niçois.
(Photo Frantz Bouton) Jean-françois Tordo, l’emblème du rugby niçois.

Newspapers in French

Newspapers from France