Le diocèse de Fréjus-toulon l’assure, il n’a rien à cacher
S’il accepte la décision de Rome, le père Claude Sirvent, « fidèle à [son] évêque », vante la politique du diocèse varois en matière de lutte contre les abus sexuels et les dérives sectaires.
M «onseigneur Rey n’a pas la main qui tremble au moment de parapher un signalement au procureur ! » C’est le père Claude Sirvent qui l’affirme. Alors que le diocèse de Fréjustoulon traverse une période délicate après la décision – rarissime – du Vatican de surseoir aux ordinations de prêtres (nos éditions précédentes), le secrétaire de la cellule de veille contre les abus sexuels et les dérives sectaires dans le diocèse varois tient à clarifier les choses. « Que ce soit en matière d’abus sexuel ou d’emprise sectaire, aucun dossier n’a été mis sous le boisseau. L’évêque ne couvre rien. Si tel était le cas, je ne serais pas là », insiste celui qui, avant d’être prêtre, exerça le métier de policier pendant plus de trente ans.
Six ou sept signalements au procureur
Se refusant de parler des dossiers dans le détail, « pour ne pas violer le secret de l’instruction et respecter la présomption d’innocence » , le père Sirvent accepte néanmoins de donner quelques chiffres. «Une dizaine de dossiers ont été traités sur le plan pénal et canonique. Six ou sept signalements pour d’éventuels abus sexuels ont finalement été faits auprès du procureur de la République. » Parmi ceux-là, l’agression sexuelle présumée sur une enfant mineure évoquée mardi dernier par le journal La Croix.
Pour le père Sirvent, il ne fait aucun doute que ladite cellule de veille (1), mise en place par le diocèse de Fréjus-toulon, est «la structure la plus professionnelle qui soit ». Il en veut pour preuve «lasignature le 21 juin prochain d’un protocole avec les procureurs de la République de Toulon et de Draguignan
». Certes, le calendrier tombe mal, mais le partenariat entre l’église et la justice n’est nullement remis en question.
Mais le diocèse de Fréjus-toulon est également épinglé pour sa politique d’accueil trop large, voire laxiste. « Mais c’est l’évangile ! », lâche le père Sirvent, avant de balayer les critiques. « Bien sûr, nous accueillons des gens venant d’autres continents, notamment d’amérique du Sud, mais une traçabilité a été mise en place. Nous demandons par exemple à ceux que nous recevons de produire un casier judiciaire. Nous dialoguons également avec l’évêque de leur lieu de départ. Et puis, nous leur expliquons les spécificités de l’église de France et du pays ». Précision utile : « L’évêque est un guide spirituel, en aucun cas il n’est l’employeur des prêtres de son diocèse. »
Un diocèse vivant
Quant à d’éventuelles dérives sectaires dont seraient coupables certaines communautés, là encore, le père Sirvent s’inscrit en faux. « Nous avons, parmi les 300 prêtres que compte le diocèse, certaines personnalités affirmées, fortes.
Pour autant, on ne peut pas parler d’emprise psychologique, de dérive sectaire. » Pour être complètement transparent, le prêtre annonce que « des chargés de mission – des juristes – vont prochainement être mis en place. Ils procéderont à des visites d’évaluation au sein des communautés et leur apporteront, si nécessaire, un accompagnement. » Une chose est sûre : pour rien au monde, le père Sirvent ne souhaiterait exercer son ministère ailleurs que dans le diocèse de Fréjus-toulon. «Ilyadanslediocèse une telle vie, un tel foisonnement. De par ma théologie, moi qui, en tant que prêtre de la Mission de France, ai été biberonné par la mystique Madeleine Delbrêl, c’est ici que je veux vivre mon ministère. Et c’est à Mgr Rey que nous devons cette vivacité ! »
1. Cette cellule de veille est notamment constituée d’un psychiatre, d’un psychothérapeute, d’un commissaire divisionnaire honoraire, de l’ancien commandant de police honoraire de la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) et d’un juge à l’officialité de Marseille (le tribunal ecclésiastique).