« C’est la ville de Nice qui décidera, pas Domenicali »
Jean Alesi, ancien pilote et ambassadeur du circuit Paul Ricard
Pas moins de 201 GP disputés de 1989 et 2001, aujourd’hui ambassadeur du circuit Paul Ricard et consultant F1 sur les chaînes du groupe Canal +, entre autres casquettes : Jean Alesi a forcément un avis sur la question. Sans surprise, un coup de fil a suffi hier pour que l’avignonnais (58 ans) démarre au quart de tour.
Jean, quel commentaire vous inspire la petite phrase de Stefano Domenicali concernant un éventuel déménagement du Grand Prix de France du Castellet à Nice ?
Vous le voyez comme moi, depuis que Liberty Media (le promoteur américain ayant succédé à Bernie Ecclestone, ndlr) est aux commandes, la courbe de popularité de la Formule 1 monte en flèche. Quel que soit le pays, au moment de négocier un contrat, ils étudient toutes les éventualités qu’on leur propose, ça me semble logique. Là, attention, il s’agit d’une interview, pas d’une annonce. L’avenir du Grand Prix de France est l’objet d’âpres discussions en ce moment puisque le présent accord arrive à terme. La situation actuelle du circuit Paul Ricard n’est ni confortable ni inconfortable.
Seule certitude à mes yeux : si concrétisation de cette idée dévoilée aujourd’hui (hier) il doit y avoir tôt ou tard, c’est la ville de Nice qui décidera, pas Domenicali.
Êtes-vous inquiet pour Le Castellet ? Et pour Monaco ?
Monaco a un statut particulier. Une place à part. Parce que c’est un circuit atypique et historique qui accueille régulièrement la F1 depuis la création du championnat du monde (1950). Je ne sais pas comment se passent les négociations en ce moment donc impossible de donner mon avis. Quant au Grand Prix de France, je fais confiance au GIP (Groupement d’intérêt Public) en place. Nul doute que la prochaine échéance pèsera lourd dans la balance. Elle conditionnera l’avenir. Si cette édition 2022 (22-24 juillet) accouche d’une pleine réussite, sportive et populaire, on pourra vraiment espérer une suite favorable.
Le Grand Prix de France de F1 ne s’est jamais déroulé en centre-ville. Seriez-vous surpris de le voir quitter un circuit classique pour céder à cette « mode » ?
Des tracés urbains, on en voit surtout en
Formule E (monoplaces électriques) où essais libres, qualifications et course sont concentrés sur une seule journée. En F1, ce n’est pas vraiment une tendance forte. Au Moyen Orient (en Arabie saoudite aujourd’hui, peut-être au Qatar bientôt), avec des moyens colossaux, il s’agit surtout de promouvoir un lieu, un pays. Idem à Miami. J’étais sur place. En fait, c’est un faux circuit en ville puisque la piste tourne autour d’un stade de foot américain, à la périphérie. Enfin, pour répondre à votre question, très franchement, en France, en Italie, j’ai du mal à imaginer une course de F1 en ville.